«J’ai passé sept jours en détention arbitraire. Je suis victime d’un règlement de compte. » Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien président mauritanien, au cours d’une conférence de presse à Nouakchott, a reconnu qu’il est au moins…mortel.

Interrogatoires policiers, rétention de passeport, l’ancien homme fort de Mauritanie vient de passer une semaine entre les mains de la police. Il a été relâché le 24 août, avec l’interdiction de quitter Nouakchott, la capitale. Selon le rapport d’une commission d’enquête parlementaire mise en place en janvier 2020, monsieur Aziz doit répondre à de «fortes présomptions » de mauvaise gouvernance et de détournements de biens publics. Pour l’ancien président, cette commission est illégalement composée. «Je connais parfaitement tous les membres de cette commission et pourquoi ils sont là. Chacun d’eux traîne des affaires qui le disqualifient», affirme-t-il, plus sobre que jamais.

Parmi les dossiers étudiés par la commission d’enquête parlementaire figurent la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’Etat, la liquidation d’une société publique, ou encore les activités d’une société chinoise de pêche. Plusieurs de ses anciens Premiers ministres et ministres l’ont mis en cause à plusieurs reprises, dans des affaires non conformes à la loi mauritanienne, rapporte l’agence France presse.

Dans un premier temps, l’ex-président Aziz avait ignoré une convocation que la commission parlementaire lui avait adressée en juillet en arguant de l’immunité que lui confère son statut d’ancien président. Depuis, les députés ont voté une loi instituant une Haute Cour de justice compétente pour juger le chef de l’Etat en cas de «haute trahison». Une affaire suivie avec beaucoup d’intérêt dans toute la région ouest-africaine. Pour le quotidien burkinabè, Le Pays, la procédure engagée contre l’ancien homme fort mauritanien est à saluer, parce qu’elle revêt une importante valeur symbolique. «Le cas de Mohamed Ould Abdel Aziz devrait servir d’avertissement à tous les président africains qui confondent les poches de leurs vestes avec le trésor public», met en garde notre confrère. En tout cas, le printemps ouest-africain peut bien sortir d’un vent de sable.