L’assertion selon laquelle « Ebola est une opportunité » vient tout droit de la bouche du Président Condé. Les malades qui ont pu vaincre le Coronavirus pour sortir du CTE de Donka au mois de mai dernier, ont dû contester l’affirmation. En tout cas, au plan matériel, sur le terrain de «l’héritage,» celui des acquis dans la gestion des épidémies, nous avions très peu à montrer. Le CTE faisait figure de parent pauvre. Le parc informatique et celui des ambulances juraient avec les milliards que l’État a encaissés. A présent, l’on est tenu de comprendre  à demi-maux que « l’opportunité » ne dépasse presque pas  celle  d’enrichir le clan habituel.

Quant à « l’aubaine du Coronavirus,» elle saute aux yeux. Elle a permis entre autres, de tétaniser le pays pour se taper, quasiment à l’œil,  une bonne assemblée nationale absolument monocolore et un référendum constitutionnel qui mène à un troisième mandat inespéré. En somme, un coût KO sous le couvert du Coronavirus.

Le vendredi 14 août, soit un mois avant la la campagne et deux mois avant la pestilentielle du 18 octobre, le Président-Grimpeur est monté sur les grands chevaux de la pandémie du siècle pour tirer les conclusions du séjour du virus en Guinée. Il en a légitimement profité pour édicter les mesures aptes à permettre à ses éventuels opposants de rester confortablement couchés sous le lit afin de mieux préparer la campagne électorale. Ci-dessous, les décisions du président Condé. Rien de suspect. Rien de plus noble que cette camisole de force qui refuse de dire son nom :

« En ayant pris toute la mesure de la situation, et après avoir recueilli les avis motivés des experts, le dispositif ci-après entre en vigueur :

• L’état d’urgence est reconduit pour une période de 30 jours à compter de ce jour, sur toute l’étendue du territoire national ;

• La reprise des vols commerciaux internationaux est conditionnée au respect strict des mesures sanitaires en vigueur, sous réserve de réciprocité

• Le couvre-feu est ramené de 00 heures à 4 heures du matin pour la zone du « Grand Conakry » (Conakry, Coyah, Dubréka) et reste entièrement levé à l’Intérieur du pays ;

• Le port du masque est toujours obligatoire tant en public qu’à la maison;

Les autres dispositions relatives à l’état d’urgence sanitaire restent en vigueur.

J’invite tout particulièrement les forces de l’ordre à prendre toutes les mesures utiles pour veiller au strict respect de ces mesures sanitaires.

J’invite l’ensemble des acteurs et des citoyens à redoubler d’efforts.

Femmes et hommes de culture, femmes et hommes de média, sportives et sportifs, influenceuses et influenceurs de médias sociaux, chefs locaux, chefs d’entreprises, leaders de communautés, administratrices et administrateurs de marchés, responsables de partis politiques et d’ONG, chefs religieux, impliquez-vous fortement dans cette lutte de toute l’humanité contre la Covid-19.

Associez vos images aux actions entreprises dans ce sens.

Enfin, je demande à l’A.N.S.S. de faire des tests pour tous les cas de décès, que ce soit dans les hôpitaux ou à domicile dans le grand Conakry.« Le calcul est correct. L’état d’urgence sanitaire sera sûrement, forcément même, levé à partir du 15 septembre, au moins pour un mois, à titre d’essai,» anticipe une mauvaise langue. Un mois, dit-il, qui pourrait être consacré à la campagne électorale. Et au lendemain des élections. L’ANSS aura préparé des statistiques de recrudescence de la pandémie pour justifier, pourquoi pas, un confinement intégral du pays si l’annonce des résultats est de nature à poser quelques petits problèmes. Sait-on jamais !

DS