En Tunisie, Ben Ali avait le contrôle. En Égypte, Hosni Moubarak avait le contrôle. Au Burkina Faso, Blaise Compaoré avait le contrôle. Au Soudan, Omar El Béchir avait le contrôle. Au Mali, IBK avait le contrôle. Hormis ce dernier, tous les autres étaient des militaires qui ont dirigé leur pays d’une main de fer des décennies durant. Ce ne sont pas les bombes de l’OTAN qui ont vaincu Slobodan Milosevic, mais sous la pression de la rue, il a été forcé de quitter le pouvoir après sa défaite à une banale élection présidentielle. Mais, dans tous ces pays, ce sont des événements en apparence anodins, que ces potentats ont minimisés au début, qui se sont révélés être les étincelles déclencheurs de mouvements dévastateurs ayant conduit à leur chute. Ils ont donc perdu le contrôle à un moment inattendu. Évidemment, il a fallu que les peuples se lancent dans la bataille sans à priori sur le contrôle total par ces dictateurs sur tous les rouages de l’État, notamment les redoutables appareils sécuritaires.
En Guinée, Alpha Condé est dans la même situation : il contrôle tout. Est-ce pour autant une raison de croire, qu’il ne peut pas perdre le contrôle ? C’est le covid-19 qui l’a sauvé après son putsch du 22 mars 2020. Cette participation de l’opposition à l’élection présidentielle a permis l’ouverture d’un deuxième front pour le pousser à la sortie. La politique est imprévisible, c’est méconnaître cette réalité que de prédire fatalement la défaite de l’opposition sous prétexte que le dictateur contrôle de bout en bout tout le processus électoral.
Comme il l’a dit lui-même, c’est Cellou Dalein Diallo qui est son adversaire dans cette élection.
Alpha Condé l’a privé de ses victoires en 2010 et 2015. Il a accepté de bonne grâce ces coups de force d’Alpha Condé pour préserver la paix dans notre pays. Dites à Alpha Condé que sa gourmandise risque de lui jouer un très mauvais tour. Il devait prendre sa retraite politique en 2020 en quittant le pouvoir conformément aux dispositions de notre Constitution. Il ne l’a pas fait. Il a tenu coûte que coûte, au prix d’une centaine de jeunes tués, à briguer un troisième mandat illégal. Il a manqué de sagesse et d’intelligence politique.
Cellou Dalein Diallo ne peut pas perdre cette élection présidentielle de 2020 et Alpha Condé ne peut pas la gagner. C’est au tour d’Alpha Condé d’accepter sa prochaine défaite pour préserver la paix dans notre pays. Nous voulons d’une alternance apaisée.
Aujourd’hui, sur la scène politique guinéenne, seul Cellou Dalein Diallo est capable d’obtenir une majorité pour gouverner. Alpha Condé s’est disqualifié durant ses dix ans de pouvoir, au point de perdre le soutien indéfectible depuis des décennies de son fief historique.
On gouverne difficilement un pays quand on est minoritaire. Le plus souvent d’ailleurs, c’est la perte de leur majorité qui a conduit certains présidents africains à la dictature pour pouvoir diriger contre la volonté de leurs peuples. Nous devons tirer les leçons du passé pour éviter à notre pays la poursuite de sa descente dans les abysses de la pauvreté et de la division.
Alpha Saliou Wann