La monnaie commune, l’ECO, annoncée pour 2020, ne verra finalement pas le jour de sitôt. Le projet a été différé, aucune nouvelle date n’a été annoncée. Facile à accuser. La pandémie de Covid-19 est supposée avoir mis KO les économies des pays et en même temps le projet, alors que les critères de convergences étaient déjà difficiles à respecter.

Lors du 57è sommet de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, tenu le 7 septembre à Niamey, a acté l’impossibilité de tenir le délai. « La réforme de la zone monétaire UMOA s’inscrit dans le cadre des actions à réaliser pour transformer le FCFA, tout autant que les autres monnaies en ECO, conformément à la feuille de route révisée de la CEDEAO, le sommet a décidé de différer, à une date ultérieure, le lancement de la monnaie unique » a noté le sommet. Cette décision a été prise après les exposés faits par le président ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de l’UEMOA, et le ministre des Affaires étrangères de la Sierra Leone, Nabeela Tunis, représentant Julius Maada Bio, président en exercice de la ZMAO.

Les critères clés de convergence sont : moins de 3 % de déficit budgétaire, moins de 10 % d’inflation, une dette inférieure à 70 % du PIB. Seul le Togo et le Benin remplissaient le critère de mois 3% de déficit budgétaire en décembre 2019. Les autres critères restent difficiles à obtenir tous en même temps.

La pandémie de Covid-19 a donné le coup de grâce au point qu’il a été décidé d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence en 2020. En attendant de relancer leurs économies. Les pays n’étaient pas prêts, résume l’économiste sénégalais Moubarack Lo, directeur général du bureau de prospective économique du Sénégal : «On s’attendait à cette décision. D’abord parce qu’on n’est pas prêts. Tout le monde est aujourd’hui d’accord sur l’objectif. Il y a des différences qui persistent sur l’approche et sur le calendrier. L’important, c’est d’assurer une bonne transition, juge-t-il. Parce qu’aujourd’hui, on est dans une transition avec la refonte des accords avec la France. Il y a des réformes à faire dans le cadre de l’Uemoa [‘Union économique et monétaire ouest-africaine], en termes de flexibilité, en termes d’ancrage… Sur toutes ces questions-là, l’Uemoa devra faire des efforts dans le futur. De la même manière, les autres également devront faire des efforts en termes de convergence, notamment en termes d’inflation. Si les taux d’inflation des pays sont très différents, bien évidemment, ça ne va pas faciliter la convergence ». Les Etats membres de la CEDEAO ont donc convenu d’élaborer une nouvelle feuille de route pour le programme de la monnaie unique.

Oumar Tély