Lundi 28 septembre, le Gouverneur de la région administrative de Kankan, Sadou Kéïta, a pris une mesure salutaire. D’une voix limpide, il a invité les médias à un traitement des plus professionnels  de l’information, surtout durant cette période de campagne électorale. Dans ce pays où l’ethnocentrisme et l’ethno-stratégie ont été érigés en valeurs cardinales, la presse gagnerait à soigner, à assainir ses méthodes de travail pour éviter de fournir la première étincelle d’une explosion qui lui est «naturellement» imputable. Dont elle ne sera qu’une expiatoire. Le Gouverneur de Kankan invite les médias à s’abstenir de diffuser des propos aptes à constituer des menaces pour «la stabilité, la quiétude sociale et la paix dans la région.» Au micro de nos confrères de mediaguinee.com, Sadou Kéïta «opte pour une communication au service de la paix, l’expérience ayant montré que les conflits ethniques sont plus dangereux et plus difficiles à maîtriser que tout autre… » La presse, si elle est presse, ne peut pas ne pas entendre cette voix de paix du Gouverneur de Kankan. Sadou Kéïta parle de Radio-Mille Collines du Rwanda et reconnaît publiquement, pudiquement qu’actuellement, « …il y a des tensions, il suffit juste d’apporter un brin pour allumer le feu et je ne souhaite pas cela.»

Voilà qui commence à ne pas aller. La Radio-Mille Collines appartenait au Gouvernement de feu Habyarimana. A Sadou Kéïta de réaliser le premier que la voix de la paix ne colle pas obligatoirement à la voie de la paix. Que fait-il de concret, de vraiment concret, pour la nécessaire adéquation entre la voix qui invite à la paix et la voie qui mène effectivement à la paix ? L’appel du Gouverneur consiste-t-il à fermer les yeux sur les horreurs de l’injustice  au nom d’une paix qui ne saurait être que fictive ? En tout cas, voilà ce que rapporte la presse peu après l’appel du Gouverneur : «A Kankan-Koura, un quartier périphérique de la commune urbaine de Kankan, la cohabitation entre les militants du RPG et ceux de l’opposition commencent à être difficile. Selon les explications de certains habitants, les autorités dudit quartier auraient interdit que les ruelles soient ornées de fanions, notamment ceux du principal parti de l’opposition….» Si Sadou Kéïta se tait sur cette situation d’injustice, sa voix aura très peu de chance à se faire entendre parce qu’il aura royalement manqué de s’engager dans la voie de la paix. L’histoire a déjà retenu le timbre de sa voix quand, Gouverneur de Labé, il a accepté d’être le tout premier Guinéen à « inviter » Alpha Condé à briguer un troisième mandat. Il savait parfaitement que ce n’était pas là, la voie de la paix.

DS