(De nos envoyés spéciaux Yacine et Adama)

A trois semaines de la présidentielle du 18 octobre, le Front national pour la défense de la Constitution compte toujours empêcher Alpha Condé de se perpétuer dans sa tanière de Sékhoutouréya. Il a appelé la population à descendre dans les rues de Conakry ce 29 mardi septembre, pour réclamer la libération de ceux des siens qui sont actuellement dans les geôles de l’Alphagouvernance à cause de leur opposition au tripatouillage de la Constitution opéré par le camp présidentiel. Le FNDC demande surtout à ses militants de marquer, à travers cette manifestation, leur détermination à dire non à ce 3e mandat qu’Alpha Condé cherche par tous les moyens à perpétuer.

Ce mardi 29 septembre, l’autoroute Leprince, habituellement théâtre d’affrontements, a connu un calme relatif, du moins jusqu’en fin de matinée. A Wanindara, un des endroits les plus chauds de capitale guinéenne, c’est une toute autre ambiance qui a régné. Point d’affrontements entre manifestants d’un côté, et de l’autre, policiers et gendarmes déployés en grand nombre sur les lieux. Au Carrefour-Marché où se jouent d’habitude les course-poursuite, c’est le calme plat. Même si des ados qui guettaient  les FDS depuis le matin, ont tenté de lancer les hostilités. A la surprise générale, ils ont été vite maîtrisés par des habitants du quartier. Une première depuis que la lutte contre le 3è mandat a démarré.

Un pick-up et un camion de la police veillent également au grain. D’autres véhicules de police et de gendarmerie sont placés à l’entrée de la plupart des petites ruelles qui mènent dans les quartiers Wanindara et Kobayah. Des enfants ont même le temps de jouer au football le long de la route. Mais, boutiques, magasins et stations-service font portes closes. La circulation, elle, reste très fluide.  Ce calme peut-il s’expliquer par l’exclusion du Front de l’UFDG dont cette zone est réputée être un bastion ? Le principal parti de l’opposition avait pourtant déclaré qu’il appellerait ses partisans à manifester si le FNDC lançait son mot d’ordre. Des responsables des jeunes Kobayah, eux, indiquent qu’étant actuellement plongés dans la campagne électorale, il leur est quasiment impossible d’être actifs sur les deux fronts.

En revanche, sur l’Axe Sonfonia-Kagbélen, c’est la paralysie. L’appel à manifester du Front national pour la défense de la Constitution a été suivi. Boutiques et magasins sont restés fermés. Très tôt le matin, des jeunes ont érigé des barricades, ont brûlé des pneus, notamment à Sonfonia-Radar, secteur Hafia 2, qui n’a pas voulu rompre avec ses vieilles habitudes. Les forces de l’ordre n’ont pas voulu rompre avec les leurs, non plus. Les gaz lacrymogènes ont abondamment plu pour disperser les manifestants. S’en sont suivis des courses poursuites jusque dans les quartiers.  Quelques taxis, mini bus et véhicules personnels ont pu circuler. A Sonfonia gare, lieu habituellement calme, des jeunes ont réussi à marcher dans la rue avec pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Non au troisième mandat ! Vive l’alternance..!» Ils ont été dispersés par les forces de l’ordre. Des arrestations ont été signalées.

Au carrefour de la T8, vers 10h, des jeunes ont brûlé des pneus et ont barré la route, mais ont été vite dispersés par les FDS. Des pick-up de police sillonnent la zone pour empêcher tout regroupement. A Bailobaya, entre 8h 9h, les manifestants ont réussi un moment à barricader la route. Ils se sont vite heurtés aux forces de sécurité qui les ont dispersées par des tirs de gaz lacrymogènes .Même si la violence  n’a pas connu son intensité habituelle, les activités, elles, sont restées moroses toute la matinée.