Les tragiques événements du 28 septembre 2009 sont encore vivaces dans les esprits. Onze ans que des hommes sans cœur, en tenues, sont tombés, au 28 stade critique, sur des manifestants pacifiques. Ils ont tué, blessé, violé, violenté, humilié des personnes qui ne demandaient que le départ des bidasses du pouvoir que ces derniers avaient arrachés à la dépouille de Fory Coco au soir d’un 22 décembre 2008. Le bilan a été particulièrement effroyable : au moins 157 personnes assassinées, une centaine de femmes violées et des centaines de blessés, selon les chiffres de l’ONU. Depuis, survivants et parents de victimes tentent désespérément d’obtenir justice. Pire, cette triste journée passe pratiquement inaperçue ces derniers années. Cette année, l’événement est noyé dans la situation politique du bled, aucune commémoration officielle. Le Sid de l’UFR était en première ligne ce jour-là. Il est revenu sur cette journée chez nos confrères d’Espace fm : « Je vais rendre hommage à toutes ces personnes qui sont mortes dans des circonstances inexplicables. En arrivant au stade ce jour-là, on ne s’attendait pas du tout à être agressés de cette manière. Nous sommes arrivés, nous voulions faire des discours, mais on s’est rendu compte qu’on n’avait même pas de micro. Nous nous apprêtions à partir quand les tirs ont commencé ».
Au-delà de la commémoration, c’est l’organisation du procès des commanditaires et exécutants de cette barbarie qui pose problèmes. Une quinzaine de personnes ont été inculpées. Mais Alpha Grimpeur n’a jamais semblé prendre le dossier en mains. L’ancien ministre, le Cheick de Justice, a beau œuvrer pour son ouverture, il s’est heurté à plus fort que lui. Le prési de l’UFR explique que l’entière responsabilité est portée par le Grimpeur : « Depuis l’arrivée d’Alpha Condé, aucun dossier n’est achevé. C’est-à-dire, il n’y a aucune possibilité de mettre en place une justice normale pour trouver ceux qui ont été responsables de ces faits-là. Alpha lui-même avait fixé la date de cette manifestation avec nous, avant le jour J, il a fui, il a pris l’avion, il est parti. J’estime qu’Alpha a des choses à nous cacher. Je suis désolé, mais c’est quelque chose qu’on devrait régler pour que nous retrouvions la paix ».
Certains estiment que les leaders politiques à la tête de cette de manif de 2009 ne font pas assez pour les victimes. Pas totalement vrai, selon l’ex Haut Représentant du Grimpeur : « Nous avons saisi les tribunaux à l’international, pris des avocats, financé les soins de certains militants. Nous avons été parfaitement actifs sur cette question de la justice. Mais le grand problème, c’est comment acter la justice du pays, et cela n’appartient qu’à l’Etat guinéen…Je crois qu’il y a le fait qu’on veuille protéger des gens très proches et qui sait ? Qui a quoi à gagner dans cette affaire ? Des gens ont été indiqués, malheureusement ils sont pratiquement au somment de l’Etat. Mais c’est la manière de gérer d’Alpha Condé…il faut que la justice se fasse ».
Cette manifestation qui a engendré le massacre découle de la volte-face du Capitaine Moussa Dadis Camara, à l’époque chef de la junte militaire. Il a juré lors du coup d’Etat de 2008 que le pouvoir ne l’intéressait pas. Il a finalement tenté de s’y accrocher. Ce qui a créé la tension entre la junte au pouvoir et les forces vives de la nation.
Yacine Diallo