En 2010, les Guinéens, assoiffés de changement, avaient cru faire le choix de la rupture au détriment de la continuité. Le choix s’est opéré au terme de longues tractations, de coups bas et de jeux peu politiquement corrects, dont l’issue a porté Alpha Condé au pouvoir. Il était considéré comme l’homme de la rupture avec les maux qu’il combattait, pour n’avoir participé ni de près ni de loin à la gouvernance du général Lansana Conté. Mais aussi, l’homme de l’espoir d’un lendemain enchanté. Cellou Dalein Diallo a fait les frais de sa participation à la gouvernance Conté par une sorte de rejet, ont soutenu ses adversaires.

Dix ans plus tard, les Guinéens sont invités à choisir leur futur président. Parmi 12 candidats dont Alpha Condé qui, au terme de deux mandats, en brigue un troisième hautement anticonstitutionnel, en usant de la répression et de l’ethno-stratégie. Le même Cellou Dalein Diallo ne semble pas épuisé et trouve le bilan du candidat sortant suffisamment catastrophique pour que les Guinéens se trompent de nouveau dans leur choix. Largement favori pour affronter Alpha Condé après un premier tour incertain, il est décidé à « déloger » Alpha Condé du Palais Sékhoutoureya à l’issue de leur 3ème round.

Les Guinéens ont dû apprendre à leur dépens que ne pas participer à la gestion d’un régime ne signifie pas forcément s’opposer à ce régime ou ses dignitaires. Quand on sait qu’Alpha Condé s’est entouré de l’essentiel des cadres qu’il combattait et qui le combattaient durant son opposition. Déçus, les Guinéens le sont, car ils attendaient beaucoup du Sorbonnard qui a passé l’essentiel de sa vie dans un pays où la démocratie est enracinée. Avaient-ils eu tort de trop compter sur l’ancien président de la FEANF ? C’est tout comme. Le bilan de ses dix ans de règne montre à suffisance que la quête et la gestion du pouvoir sont deux choses différentes.

La division ethnique n’a jamais été aussi exacerbée dans le pays. L’espoir de voir une nation guinéenne construite et consolidée ne s’est jamais aussi amenuisé. Aujourd’hui plus que jamais, les Guinéens font face à leur responsabilité. Celle de sauver la démocratie, rompre avec la division et l’ethno-stratégie, favoriser l’alternance par les urnes. C’est à ce prix et à lui seul que nous pouvons espérer amorcer un développement qui sera bénéfique à tous les Guinéens.

THD