La sélection présidentielle n’a pas été favorable aux candidates. De toute évidence, elles n’ont point fait cas de la discrimination positive si chère aux féministes. Loin s’en faut. Dans les bureaux de vote, La Makline Camara et Malkalé Traoré sont rarement parvenues à séduire dix électeurs ou électrices. Dans certains bureaux, elles n’ont convaincu personne. Pas même leurs sœurs. Qu’il a la vie dure, le péché d’Eve qui n’a plus daigné lâcher les femmes depuis l’époque du jardin d’Eden.
Leur mésaventure n’est pas sans antécédent. En 1992, à la restauration de la démocratie, la toubib Mariame Béavogui vainc sa féminité, crée sa propre formation politique et s’introduit, par effraction, dans le landerneau politique. Très phallocratique. Elle ne résiste pas à l’adversité. Sa carrière politique fait long feu. Elle et son parti disparaissent de l’échiquier politique, faute de militants et surtout de militantes. Comme si les femmes ne constituaient pas plus de 52% de la population globale du pays !
Ce qui précède ne dissuade pas une autre égérie de la politique et activiste de la société civile, Saran Daraba, d’oser défier vingt-trois bonhommes, lors de la sélection présidentielle de juin 2010. Comme pour la punir de sa témérité, les Guinéens ne lui accordent même pas 1% de leur suffrage. Cinq ans plus tard, Dame Marie Madeleine Dioubaté, de surcroît handicapée par le gourd d’être peu connue des électeurs, passe par la même trappe.
Et les femmes continuent de ployer sous leur pénible condition humaine et pousser des cris d’orfraies réclamant aux hommes justice sociale à travers équité, discrimination positive, émancipation et tutti quanti. Seigneur, pourquoi donc les femmes ne parviennent-elles pas à traduire dans les urnes, en leur faveur, leur majorité démographique ? Ce qui leur aurait permis de prendre à bras le corps la problématique de leur sempiternelle situation de subordination et de désavantage.
En Guinée, plus qu’ailleurs, la femme ne mérite pas ces affres. Le pays n’a-t-il pas emprunté à la femme son nom, Guinè, en soussou ?
Abraham Kayoko Dore