Alpha Condé

A l’occasion de son discours marquant le 62è anniversaire de la patrie, le Président Grimpeur est monté sur ses grands chevaux pour asséner une grande vérité…par omission. « Nous célébrons en ce jour, le soixante-deuxième anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale.» Alpha Condé ne s’y est pas trompé. Notre souveraineté nationale, elle, a disparu des radars et notre président de la République a la finesse de nous l’apprendre implicitement. Peut-être était-il préférable de procéder ainsi. La majeure partie du bilan qu’il a dressé sans détours de ses deux mandats à la tête du pays donne le tournis. Nous n’en exposerons ici que quelques échantillons, ne serait-ce que pour vous épargner une nausée certaine.

Il a commencé par les réformes engagées : En cette année 2020, la Guinée s’est dotée d’une nouvelle Assemblée nationale, dont les membres sont issus de différents horizons de la vie politique et sociale. Notre pays a également entrepris une réforme institutionnelle majeure en adoptant une nouvelle Constitution qui a été soumise à référendum le 22 mars 2020….» Il est de notoriété publique que si cette consultation référendaire n’avait pas été couplée aux législatives, bien que honteuses, personne n’aurait vu la couleur d’un bureau de vote. Les Guinéens attendent encore « le texte qui modernise nos institutions et offre de nouveaux droits à chaque citoyen guinéen. Avec cette nouvelle constitution, nous enregistrons des avancées décisives sur les questions du genre comme l’interdiction des mariages forcés et des mutilations génitales féminines.» Dr. Morisandan Kouyaté n’a pas attendu le 22 mars 2020 pour exposer ses distinctions. Les autres avancées notables portent sur les institutions républicaines, entièrement, définitivement placées sous les ordres de Sékhoutouréya. Si elles ont été domestiquées, c’est parce qu’elles risquaient de devenir sauvages.

Alpha Condé a ensuite abordé le domaine dans lequel il s’est le moins distingué. Mais, honnêteté oblige, il le dit lui-même. Plus le mensonge est gros, mieux le populo l’avale avec appétit. Suivez ! « Avec le respect de l’intégrité physique de la personne, en rappelant qu’aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier la violation des droits humains et que nul ne peut se prévaloir d’une instruction ou d’un ordre pour exécuter une telle décision, aucun citoyen ne peut être contraint à l’exil. De même, l’indépendance de la justice est consacrée vis-à-vis de tous les pouvoirs. Enfin, et le caractère historique de cette réforme n’échappe à personne, la peine de mort disparaît définitivement de notre arsenal juridique. C’est ce jour qu’ont choisi Simakan et Fabou pour narguer la Justice. Le TPI de Dixinn doit rire aux éclats. Si les murs des prisons pouvaient parler…Si le Sahara et la Méditerranée pouvaient témoigner…Si le carré des martyrs de Bambéto pouvait rugir. .. Heureusement que non !

Alpha Condé de poursuivre : Dans deux semaines, nos citoyens s’apprêtent à se rendre aux urnes pour une nouvelle élection présidentielle, libre, sincère, transparente et inclusive. Tous les acteurs politiques qui souhaitaient prendre part au scrutin, ont pu le faire, sans aucune entrave. Vive Dalein ! Merci, Kaba Ousmane ! Kpoghomou, tu as entendu ?

Contrairement à Martin Luther qui avait un rêve, Alpha Condé exprime un souhait. On le comprend : « Je souhaite que cette élection supervisée par une Commission électorale nationale indépendante composée sur une base paritaire entre la majorité présidentielle et l’opposition, soit l’illustration de l’expression de la vitalité du débat démocratique dans notre pays, afin de revisiter ensemble les réalisations et acquis de cette décennie sur les plans politique, économique et social. C’est ici le lieu d’entendre et de comparer les projets de société défendus par chacun, afin que le peuple puisse exprimer son choix en toute liberté, loin du spectre de la division et de la violence politique toujours préjudiciables à l’état de droit. La HAC de Yacine s’est plantée en matière de débats. Cellou Dalein a fini par comprendre qu’il se bat contre des moulins à vent.

Le minimum que les Guinéens puissent faire pour récompenser leur président, c’est de lui préparer le Prix Nobel de la Paix. Et pour cause : « Chaque citoyen est fier de la refonte des Forces de défense et de sécurité qui a fait de notre Armée, une institution moderne et républicaine, garante de nos acquis démocratiques. Cet ensemble de réformes, qui a placé l’unité nationale et la citoyenneté au centre de notre vie politique, a pour but de faire de cette dernière un espace de fraternité et de solidarité active. » Désormais, vous avez le droit de contredire toute ménagère de l’Axe Bambéto-Kagbélin qui prétend ne pas avoir mangé parce que les FDS ont appris à renverser, non pas des régimes démocratiques, mais des marmites de riz, pendant les manifestations de notre opposition imaginaire. Tous les téléphones volés au cours de l’interpellation de faux citoyens relèvent de chimères. Ne croyez plus à un ministre de la citoyenneté du Président Alpha Condé qui prétend avoir encaissé une gifle dans son propre bureau. De la part d’une collaboratrice mal élevée. Où avez vu une telle scène se dérouler dans un pays aussi fier et ordonné que le nôtre ?

Il n’est même pas utile de nous étendre sur les services sociaux de base. « …Notamment l’amélioration de la fourniture d’eau et d’électricité, avec le barrage de Kaléta en 2015 (240 mgw), celui de Souapiti cette année (450 mgw) et bientôt le barrage d’Amaria d’une capacité de 300 mgw….»

On peut valablement arrêter le chapelet des réalisations du régime. Dire que le Président Condé a fait faire au pays des pas de géant relève de la tautologie. C’est peut-être par prudence qu’il faille se résoudre à demander vers quel…abîme. Si au moins on pouvait connaitre pourquoi un impoli a plongé dans l’obscurité l’Hôtel Kaloum, situé à deux pas du Palais Sékhoutouréya, une demi-heure avant qu’Alpha Condé ne commence à prononcer ce discours ! Il ne savait probablement pas qu’à ce moment précis, la Commission mixte UA-ONU-CEDEAO recevait le FNDC. Tout le monde sait que les pannes de courant ne sont pas graves à Cona-cris.

DS