« Tenez Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie ». En prononçant ces mots, contre son ministre des Affaires Etrangères, Talleyrand, Napoléon Bonaparte ne savait pas qu’il définissait avant l’heure, la diplomatie telle qu’elle se pratique dans certaines chancelleries accréditées à Conakry. Nous avions déjà, dans ces colonnes, épinglé le comportement rustre, incroyablement désinvolte de Bertrand Cochery et d’Alexandre Brégadzé, ambassadeurs de France et de Russie, respectivement. Je me demandais alors en me fondant sur leurs discours et sur leurs comportements si ces messieurs parlaient au nom de leur pays ou au nom de la nomenklatura du RPG. En public, ces deux diplomates ne tarissaient pas d’éloges sur notre Kim Il Un national et en privé, l’un d’eux allait jusqu’à reprendre à son compte les propos ethnicistes et haineux de celui-ci. On croyait que cette diplomatie de bas étage était propre au soviétisme et à la Françafrique, ces systèmes chloroformés, ces cadavres politiques qui bougent encore. Non, l’Espagne s’y met à son tour comme si de nouveau, l’ombre de Franco planait sur Séville et Bilbao.
Le représentant du roi Felipe VI, un certain Jose Leonardo Consarnau Guardiola, a, au cours d’une cérémonie marquant la fin de son séjour dans notre pays, cru devoir quitter son costume de plénipotentiaire pour endosser le haillon du griot. Lisez plutôt : ‘’La Guinée a progressé…Vous [Alpha Condé] êtes pour moi le symbole de la lutte pour la démocratie. On a besoin de personnes qui donnent l’exemple. »
Ce monsieur sait- il de quoi il parle ? Alpha Condé cité en exemple ! Mais en exemple de quoi, senor ambassador ? Puisqu’il est exemplaire tant que ça, le souhaiteriez- vous comme premier ministre d’Espagne ? Cet homme qui a violé la Constitution puis falsifié celle issue du référendum du 20 mars dernier, aurait à vous entendre, fort bien assuré la transition démocratique chez vous après la mort de Franco. Ce monsieur qui triche à toutes les élections, ce despote qui arrête et tue à tour de bras, cet incompétent qui en dix ans, n’a rien apporté à la Guinée que la misère et la haine, aurait mieux fait que Adolfo Suarez, Léopoldo Calvo-Sotelo, Felipe Gonzalez, Jose-Maria Aznar, Jose-Luis Rodriguez Zapatero, Mariano Rajoy et Pedro Sanchez réunis, n’est-ce pas ? Ce crypto-tribaliste qui passe son temps à opposer les ethnies guinéennes est sans aucun doute le mieux indiqué pour réunir dans la concorde et dans la félicité des peuples aussi divers que les Basques et les Castillans, les Catalans et les Galiciens.
Non de dieu ! Ou plutôt, hostia ! comme cela se dit en espagnol.
Dans ma longue vie d’aventurier, j’ai eu à rencontrer de nombreux ambassadeurs. Des vrais ! Des grands ! Ils m’ont tous-surtout les Français- marqué par leur prestige et leur personnalité : discrets, courtois, élégants, cultivés ! Est-ce l’effet du climat ou celui des épices, sitôt chez les Nègres, certains de ces pontes se relâchent et laissent échapper leurs pulsions de colons.
Alpha Condé, les Guinéens le vivent nuit et jour. Il n’appartient ni au senior Guardiola ni à aucun autre ambassadeur de nous dire s’il est bon ou mauvais, sucré ou salé, brillantissime ou nul. La réserve, c’est la sacro-sainte règle de la diplomatie. La violer, sortir de son rôle. C’est manquer de respect au peuple de Guinée.
Tierno Monénembo