Une mission conjointe de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de l’Union Africaine et des Nations Unies séjourne en Guinée pour rencontrer les acteurs politiques, le gouvernement et la société civile afin de « s’enquérir de la crise guinéenne, notamment le déroulement d’une élection apaisée le 18 octobre 2020.» Surtout que la campagne électorale est déjà électrique. Le 1er  octobre, la délégation a reçu le Front national pour la défense de la Constitution à l’Hôtel Kaloum, situé à quelques encablures du Palais Sékhoutouréya. Seulement voilà, les membres de cette coalition anti 3eme mandat n’ont pas été tendres avec la CEDEAO qu’ils accusent d’être un syndicat des chefs d’Etat.

« Il a été question d’une heure de vérité entre le FNDC et la délégation. Nous avons fini par comprendre que la CEDEAO n’est rien d’autre que le syndicat des chefs d’Etat. Surtout la CEDEAO, côté francophone. La  Côte d’Ivoire est aujourd’hui dans la tourmente, la Guinée, la même chose et la CEDEAO donne carte blanche aux coups d’Etat civile qui se réalisent dans ces pays.  Nous leur avons dit que s’il y a un coup d’Etat militaire ici, c’est eux qui en seront les principaux complices. Et qu’on les empêcherait de venir nous dire ce qu’ils sont allés dire aux peuple malien lorsqu’il a été libéré par son armée.» Faya Millimono, le président du Bloc Libéral, ne semble pas mâché ses maux  durant la rencontre Il estime que ce n’est pas le peuple malien qui a violé le protocole de la CEDEAO, mais le président malien qui l’avait foulé aux pieds, comme les présidents guinéen et ivoirien sont en train de le faire à présent. « Nous leur avons dit clairement que tous les mémos que nous leur avons adressés,  ils les ont ignorés. Parce que la seule chose qui intéressait la CEDEAO était de couvrir la forfaiture qui se faisait ici. C’est pour cette raison qu’ils ont réduit le problème guinéen en un problème d’élection présidentielle. Nous sommes loin d’un problème d’élection et le FNDC a promis de continuer le combat. Je crois qu’ils ont compris le message ».  

Faya Milimono dit avoir félicité le Nigéria pour les efforts qu’il est en train de faire, le courage du président nigérien, Mamadou Issoufou, qui a élevé le ton pour rester dans la légalité. Mais, il pense que c’est insuffisant, parce que l’Afrique de l’Ouest est en train de nous ramener à l’Afrique centrale.  « Nous ne voulons pas de Paul Biya, d’Obiang Guéma, de Sassou Nguessou en Afrique de l’Ouest. Nous pensions que tout cela était derrière nous. Malheureusement, nous avons à faire avec une CEDEAO qui n’en vaut pas la peine ».

De son côté, Abdourahmane Sanoh, coordinateur national du FNDC, s’est réjoui de la présence de la communauté internationale, notamment  cette mission conjointe des Nations Unies, de la CEDEAO, de l’Union Africaine pour faire entendre très haut la voix de lu FNDC. C’est une première, une avancée pour nous. «Nous avons exprimé notre regret que la CEDEAO ramène le problème guinéen à un simple problème d’élection parce qu’ils sont venus juste voir comment les élections peuvent éventuellement être organisées dans la paix ». Il réaffirme que le FNDC a dit qu’il n’est pas dans le processus électoral, donc, il ne se sent pas concerné par ces élections. Il estime que ces élections constituent un moyen de blanchiment d’un coup d’Etat constitutionnel. Même que si la CEDEAO qui conduit cette mission consent à contribuer au blanchiment d’un coup d’Etat, alors qu’elle nous donne la différence entre un coup d’Etat militaire et un coup d’Etat civil.  En tout état de cause, nous leur avons dit qu’on ne collaborera pas à ces élections et que le FNDC continue le combat jusqu’à la victoire du peuple de Guinée ».

Ibn Adama