A une semaine de la présidentielle du 18 octobre, l’ambiance est plus que tendue dans le pays. Le 11 octobre, Cellou Dalein Diallo et sa suite, en partance pour la ville de Kankan, ont été bloqués dans la sous-préfecture de Tokounou par des jeunes militants du RPG. Depuis, les violences montent en flèche dans le Nabaya. Les partisans du pouvoir règnent en maîtres absolus des lieux depuis le 11 octobre. Boutiques et magasins vandalisés, concessions saccagées, militants blessés, emprisonnés, motos calcinées, le bilan reste lourd. En séjour à Mamou depuis le 11 octobre, Cellou Dalein Diallo a animé ce 12 octobre, un point presse pour faire l’état des lieux. En évoquant l’incident de Tokounou, le président de l’UFDG n’est pas passé par quatre chemins pour l’actuel chef de l’État d’avoir manœuvré, pour l’empêcher de poser ses valises à Kankan : «Ce que vous ne saviez pas, c’est que j’ai rencontré le secrétaire général de la section RPG arc-en-ciel à Tokounou. J’ai essayé de discuter avec lui pour que le barrage soit levé. Il m’a dit qu’il ne contrôle pas ces jeunes, qu’ils venaient de Kankan avec la mission et les moyens de bloquer le cortège.» Cellou Dalein a finalement décidé de retourner pour, explique-t-il, éviter une confrontation inutile. «J’ai dû prendre la décision de rebrousser chemin parce que je ne voulais pas d’affrontements. Ce n’est pas la peur, lorsque nous étions arrivés, nous aurions pu, avec mes hommes, forcer le barrage et passer, mais je savais que sur tout le parcours, des barrages étaient érigés pour m’empêcher d’arriver dans la cité hospitalière de Kankan. J’étais pressé de voir ces jeunes qui ont constitué des mouvements pour soutenir ma candidature. Malheureusement, Alpha Condé a décidé que je ne devrais pas aller dans ses fiefs.»
Malgré tout, le cortège a essuyé des attaques notamment, à la sortie de Faranah, par un groupe de personnes se réclamant du RPG arc-en-ciel : «Ils avaient téléphoné partout pour informer que notre cortège arrivait et qu’il fallait l’attaquer. Notre cortège n’a pas échappé, des parebrises ont été endommagés.»
L’opposant est certain que cet acharnement contre sa délégation découle de la mobilisation constatée en sa faveur dans la région forestière : «Le succès de notre tournée en Forêt a ébranlé Alpha Condé. Il l’a déstabilisé. L’accueil que ma candidature a reçu en Haute-Guinée l’a déstabilisé. C’est pour cela qu’il a envoyé tous ses ministres dans la zone depuis des mois pour effacer toute trace de l’UFDG à Kankan. Les extrémistes, conduits par Taliby Dabo et le maire, Mory Kolonfon Diakité, se sont acharnés sur les banderoles de l’UFDG. Ils ont essayé de faire disparaître tout symbole du parti, ils se sont attaqués au siège. L’État n’a pas réagi. Hier encore, les gens qui étaient massivement sortis pour nous accueillir ont fait l’objet d’une répression sauvage. Le pillage a continué toute la nuit. L’ANAD comptait déployer des délégués un peu partout à travers le pays pour minimiser les cas de fraudes, surtout en Haute-Guinée. Une stratégie qui s’avère finalement très compromise, vu les attaques que nos militants ou ceux supposés tels sont en train de subir. »
Mais l’opposant ne baisse pas les bras. «Je pense qu’Alpha est en train de préparer plusieurs stratégies face au déclin de son électorat. En 2010, il y a eu l’empoisonnement bidon, cela a été un prétexte pour empêcher l’UFDG d’avoir ses représentants dans les bureaux de vote. Cette fois-ci, ils sont allés directement aux violences. Alpha est en train d’exercer une pression énorme sur la CENI pour qu’elle ne rende pas disponible les procès-verbaux. Peut-être qu’ils veulent nous empêcher d’être dans les bureaux de vote pour se livrer au bourrage habituel des urnes. Mais j’ai confiance aux gens de Kankan. Je sais qu’ils vont voter pour moi et qu’ils vont sécuriser leur vote.»
L’UFDG et ses alliés de l’ANAD ont mis une croix sur la région de la Haute-Guinée pour la campagne électorale. Cellou s’apprête à prendre part au meeting que son parti organise demain le 13 octobre à Mamou: «Demain, on aura une manifestation ici. Après, on va continuer sur Kindia, si on a la possibilité d’avoir un accueil et un meeting on le fera, sinon, on va continuer sur Boké. Je n’ai plus le temps de repartir en Haute-Guinée et je n’aime pas les confrontations inutiles». Le président de l’UFDG a demandé à ses partisans de ne pas répondre aux provocations ou de se livrer à des représailles.
Yacine Diallo