Le Président Alpha Condé l’a affirmé à Kissidougou : il désapprouve les agissements de certains de ses partisans qui ont bloqué la route à son principal adversaire Cellou Dalein Diallo dimanche 11 octobre à Tokounou. « Ce qui a été fait Tokounou est regrettable. J’ai dit à mes militants de Kankan que je ne suis pas d’accord. Nous ne sommes pas comme eux. » Il n’est pas souhaitable qu’un banal ras-l’obole puisse pousser un citoyen à perdre confiance au président de la République. Quand celui-ci est candidat à sa propre succession, il devrait y avoir une espèce de garantie de véracité minimale, un mécanisme de « protection de la vérité. » Le citoyen lambda devrait pouvoir distinguer les affirmations du président-candidat face à celles du candidat-président. Hélas, la technologie moderne n’est pas encore parvenue à rendre « sécables » les présidents qui souhaitent se succéder à eux-mêmes. Pour déterminer la partie qui relève du président et celle qui relève du candidat. Les détecteurs de mensonges ne sont pas dignes du Père de la Nation.

Aussi, est-il impossible de croire à la sincérité, au sérieux d’Alpha Condé quand il qualifie de regrettable « ce qui est arrivé à Tokounou. » Que s’est-il passé à Tokounou ? On a interdit l’accès d’une région entière à un candidat en campagne pour la présidentielle du 18 octobre. Que regrette Alpha Condé dans cette galère ? Pourtant, c’est à Mme Condé en personne qu’est revenue la mission d’aller à Kankan annoncer publiquement la décision d’imposer l’arbitraire à Cellou Dalein, le candidat qui terrorise Alpha Grimpeur. Il l’a dit lui-même en filigrane. Si la Première Dame de la République réunit toutes les autorités de la Région, du Gouverneur Sadou Kéita au dernier sous-préfet de la zone, celui de Tokounou y compris, pour proclamer « la sécession électorale de la Haute Guinée,» il est difficile de comprendre ce que regrette Alpha à Tokounou. Dès lors qu’un professeur de droit, président de la république de surcroit, prend la décision inédite d’exclure du suffrage universel un candidat, même effrayant, il donne au scrutin du 18 octobre des allures d’un film d’Alfred Hitchcock. Aucune portion du territoire national n’avait été interdite à Alpha Condé lorsqu’il était candidat à la présidentielle de 1998 contre le Général Lansana Conté.. De Conakry à Pinet, Tout le monde le sait.

Si un président – Sorbonnard, Professeur de Droit, décide de rétrograder la justice de son pays jusqu’au niveau de la vendetta et appliquer sur Cellou Dalein la politique « d’œil pour œil, dent pour dent » suite à la mésaventure de Kassory Faux-Fana à Labé, il aura complètement raté le coach. Le convoi d’un Premier Ministre-Chef du Gouvernement attaqué a pour réplique une enquête d’une extrême urgence. Pourquoi ce silence après l’attaque de la suite de Kassory ? Où sont les résultats de l’enquête ? Jusqu’à preuve du contraire, Cellou Dalein n’y est pour rien. Si on a peur de la vérité, qu’on le dise ! Jusqu’à preuve du contraire, les coupables se retrouvent d’un côté, entre les corrupteurs du RPG qui ont loué les services d’applaudisseurs affamés pour « remplir » le stade El Hadj Saïfoulaye de Labé et de l’autre, les corrompus qui leur ont fourni des applaudissements payants. Il fallait respecter tous les termes du contrat pour que l’opération puisse passer telle « une boîte à la lettre » comme l’avait dit le Président Condé devant les journalistes de RFI et France 24. A moins que les événements de Tokounou n’ouvrent un nouveau chapitre dans la démon-crac-tie guinée-haine. Sait-on jamais ?

DS