La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, a rendu son arrêt dans l’affaire qui oppose l’Etat guinéen à la communauté de Zogota, préfecture de N’Zérékoré (Guinée-forestière). La Guinée est reconnue coupable d’avoir violé le droit à la vie ; reconnue coupable de torture, de traitements inhumains, cruels et dégradants, d’arrestation et de détention arbitraire ; de recours excessif à la force. Excusez du peu !

Pour ces motifs, la Cour de la CEDEAO condamne le bled à payer 160 millions de francs glissants à  Niankoye Kolié, Foromo Tokpa Kolié, Nazouo Kolié, Siba Kpeleya, Moriba Tokpa Kolié et Kokpa Zaoro Loua, chacun. A 15 autres victimes, la Guinée devra payer à chacune 240 millions de francs glissants.

Me Pépé Antoine Lama, l’un des avocats (sans vinaigrette) de la communauté de Zogota est optimiste : «C’est un début de justice, un début de réponse à l’impunité en Guinée, face aux graves violations des droits de l’Homme. Le pays devrait se plier à cette décision et profiter de l’occasion pour respecter ses obligations internationales en matière de droits de l’Homme. Tout ne se résume pas au versement des sommes d’argent. Le veux ardent des victimes est de voir les auteurs répondre devant la justice».

La Guinée va recevoir une notification de sa condamnation, et dispose de six mois pour s’exécuter. Mais la décision a peu de chance d’aboutir, parce qu’elle n’est pas contraignante, surtout que la Guinée est connue dans le non-respect des décisions de justice, nationale et supranationale. Me Lama veut bien que la Guinée commence à se plier au droit et à ses engagements sous régionaux.

En août 2012, la communauté de Zogota s’est opposée à la façon de recruter à la société minière Vale/BSGR. Elle s’est attaquée à ses installations. En représailles, des hommes en tenue militaire, ont fait irruption nuitamment dans le village de Zogota et tué 7 personnes, blessé plusieurs autres. La plainte que les familles des victimes avaient déposée en Guinée n’avait pas prospéré. C’est pourquoi, elles se sont tournées vers la Cour de justice de la CEDEAO.

Oumar Tély Diallo