Dans une déclaration parvenue ce lundi 30 novembre à notre rédaction, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dresse un bilan sombre en matière de l’Etat de droit et démocratie, pour la finissante année 2020 dans trois pays africains : Guinée, Côte d’Ivoire et Tanzanie. Et les perspectives, en Afrique, ne s’annoncent guère rassurantes.
Les trois pays ont quelques réalités en commun : modifications constitutionnelles, instrumentalisation de la justice à l’encontre des opposants et des défenseur(es) des droits humains, arrestations arbitraires et détentions illégales, violentes répressions des manifestations et coupures des moyens de communication. Ce qui constitue, selon la FIDH, «autant d’ingrédients du maintien de régimes autoritaires. Ils bénéficient parfois de l’assentiment d’institutions internationales préférant la « stabilité » d’un pays au détriment de la crédibilité du processus électoral».
Et de renchérir : «Ces crises électorales fragilisent l’exercice des libertés fondamentales et le respect des droits humains, ainsi que la paix et l’unité nationale. La tenue d’élections transparentes, libres et équitables organisées par des institutions indépendantes est l’un des fondements de tout État de droit. Les principes de telles élections sont consacrés dans plusieurs textes internationaux et régionaux africains, signés et ratifiés par la Guinée, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire, comme la Charte [de l’Union] africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance».
Sanctionner les violations des droits humains
La FIDH et ses membres condamnent «les atteintes au processus électoral et les violences» en Guinée, en Côte d’Ivoire et en Tanzanie. De même que la répression engagée contre toute voix contestataire. Ils demandent aux autorités de faire la lumière sur les violations des droits humains en vue de punir leurs auteurs et commanditaires. Et d’exhorter la communauté internationale, notamment la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, «à faire pression sur les autorités de ces États afin qu’elles respectent l’État de droit, mettent fin aux violations des droits humains et s’engagent dans des processus pacifiques de résolution des crises politiques en cours».
Des rendez-vous électoraux chargés
Le calendrier électoral des prochains mois sera chargé sur le continent. La FIDH s’inquiète que les exemples guinéen, ivoirien et tanzanien fassent tâche d’huile. «En Éthiopie, le report sine die, en raison de la pandémie de Covid-19, des élections prévues en août 2020, est l’une des causes de la guerre civile qui s’est déclenchée début novembre. Au Burkina Faso, où les élections du 22 novembre ont constitué le second scrutin démocratique depuis la chute de Blaise Compaoré, au pouvoir de 1987 à 2014, des bureaux de vote n’ont pu ouvrir en raison de la pression de groupes armés. En décembre 2020, les scrutins prévus en République centrafricaine, dans un contexte de conflit armé, et au Niger, dans un contexte de compétition pour la succession du président Mahamadou Issoufou (qui a respecté la limite constitutionnelle de deux mandats), pourraient être entachés de violences».
Record de longévité
Encore plus inquiétant, renchérit l’organisation, «D’autres scrutins sont prévus en 2021 dans des pays où les élections et changements de la Constitution ont été instrumentalisés au profit de records de longévité présidentielle : Yoweri Museveni, au pouvoir en Ouganda depuis 1986, et Idriss Déby, président du Tchad depuis 1990, seront candidats à leur succession, en janvier et en avril respectivement».
Diawo Labboyah