Excellence Monsieur le Président de la République.

C’est avec beaucoup de joie que je vous écris ces quelques mots avec l’espoir qu’ils mériteront l’attention de votre lecture.

Cher Monsieur le Président, nous sortons fraîchement des élections présidentielles dont les résultats vous consacrent vainqueur, faisant de vous ainsi, le nouveau dirigeant de notre Guinée dans une 4ème République. Je vous en félicite et vous souhaite un succès dans l’intérêt général de notre pays.

Monsieur le Président votre victoire personnelle est un fait mais les défis qui vous attendent sont si cruciaux qu’il serait une erreur de jubiler par les temps qui courent.

Monsieur le Président, comment vous dire qu’au lendemain de ces élections, le tissu social est plus qu’effrité, et qu’il vous revient de trouver le bon coton afin de recoudre les plaies causées par un peu trop de zèle de la part du système qu’aujourd’hui vous incarnez ?
Comment vous dire que certains guinéens, certains donc de vos concitoyens, se sentent victimes d’une barbarie étatique et d’une justice sélective au point qu’aucune décision de justice n’est exempte de reproche dans votre pays ?
Comment vous dire que ceux qui tentent de vous faire passer pour un président contre une partie de la Guinée ont presque réussi car vous avez presque prêté le flanc ?
Comment vous dire que vos efforts de développement resteront vains tant que vous ne réussirez pas à embarquer et à rassurer la totalité des guinéens ?
Comment vous dire que tant que vous écouterez les mêmes personnes qui ont induit en erreur le général Lansana Conté, vous ne pourrez que faire comme ce dernier ?
Comment vous dire que vos discours musclés et teintés de frayeur n’aident pas à faire adhérer à la logique que vous vous êtes fixés pour ce mandat, à savoir « Gouverner autrement » ?
Comment vous dire que la corruption est devenue si flagrante, qu’elle semble avoir votre quitus ?
Comment vous dire que le meurtre et la violence sont devenue tellement courants qu’ils semblent être les cadets de vos soucis ? Comment enfin vous dire que le pays va mal ?

Monsieur le Président, vous avez la chance de gouverner un peuple bon et pas rancunier. Vous devez saisir cette opportunité pour réduire le fossé de la frustration que les uns et les autres doivent ressentir avant que le Rubicon ne soit franchi. Vous devez appeler à une véritable réconciliation des guinéens et poser des actes allant dans ce sens. Tout ce que vous ferez pendant votre gouvernance, de bien ou de mal, n’oubliez pas, sera comptabilisé par la mémoire de l’histoire. Vous avez dit que vous ne connaissiez pas les cadres guinéens à votre arrivée en 2010. Montrez maintenant que le temps que vous avez pris à les observer, vous a permis de faire de très bons choix. Montrez que ce temps vous a permis de vous départir des nominations basées sur des critères régionaux et communautaires. Mettez désormais l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, sur les seules bases de la compétence, de l’intégrité et de la fidélité aux valeurs républicaines. Vous ne devez plus rien à personne individuellement mais vous devez aux guinéens collectivement une vie descente, d’espoir d’union, de progrès et de renouveau.

Monsieur le Président, les immenses chantiers que vous avez ouverts à travers le pays, dans presque tous les secteurs, constituent une prouesse. Ne permettez plus que tout ceci soit terni par une mauvaise gouvernance. Gouvernez autrement désormais.

Je suis convaincu que vous saurez voir au-delà de la rudesse de mes mots, l’inquiétude d’un fils soucieux de voir son père réussir.

En vous souhaitant que du succès, veuillez monsieur le Président accepter ma sincère considération et mes vives salutations.

Mamadou Saliou Diallo