Ce 7 janvier, dans le quartier Lambanyi, commune de Ratoma, les tri-cyclistes qui font le taxi ont entamé une grève. Ils protestent contre les tracasseries policières qui deviennent de plus en plus récurrentes. Les policiers les accusent de causer des embouteillages sans aucun respect du code de conduite. Ils conduiraient tantôt entre les lignes des taxis et véhicules de particuliers, tantôt ils font des arrêts intempestifs qui causent souvent des accidents. Pour leur part, les pilotes des tri-cyclistes admettent qu’ils le font non pas pour créer des embouteillages ou faire du mal à quelqu’un, mais ils veulent assurer un déplacement rapide des clients. Kaba Kéïta est un responsable syndical : «On a décidé de sortir aujourd’hui pour extérioriser nos colères vis-à-vis des policiers, pour attirer l’attention de l’Etat et celle de la population sur la situation.  C’est quand on a constaté des difficultés liées au manque de taxi sur l’axe Sonfonia-Madina en passant par Lambanyi, Nongo, Kaporo, Kipé et Taouyah que nous avons  décidé de mettre en place ces tri-cyclistes, pour faciliter le déplacement des citoyens. Mais les policiers nous arrêtent chaque jour, pour nous faire payer cher. Mercredi 6 janvier, ils ont arrêté 60 tri-cyclistes. Ils leur demandent de payer 200 000 francs guinéens chacun, c’est à cause de tout cela qu’on est là ce matin pour protester. Les policiers doivent comprendre que nous sommes des jeunes guinéens qui cherchons le quotidien».

Jean-Pierre Zogbila est l’un des conducteurs : «Notre mécontentement est lié aux agissements des policiers qui nous empêchent de circuler librement. Nous sommes des jeunes étudiants et diplômés sans emploi qui  pratiquons ce métier pour pouvoir subvenir à nos besoins et ceux de nos familles. Nous les tri-cyclistes, sommes devenus un moyen par lequel les policiers se font de l’argent facilement, sous nos yeux impuissants. Parfois, ils prennent des motos pour nous poursuivre dans le but de nous accuser et nous retirer de l’argent. Nous sommes fatigués de la situation, c’est pourquoi nous sollicitons l’intervention de l’Etat pour une sortie de crise».

Selon lui, l’Etat ne parvient pas à satisfaire les besoins des policiers : «Ceux-ci sont mal payés.  C’est ce qui fait qu’ils cherchent par tous les moyens à se faire de l’argent. Et c’est nous qui payons le prix, nous déplorons cela. Nous espérons que notre revendication tombera dans de bonnes oreilles».

Bailo Diallo