La pandémie Covid-19, en plus d’avoir affecté la demande et l’offre des entreprises, a aussi affecté les paysans en Guinée. Dans la préfecture de Labé, une des zones du Bassin du fleuve Sénégal, les projets de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, sont à l’arrêt, suite à la crise sanitaire. La sous-préfecture de Kaalan, située à plus de 17 kilomètres à l’Est de la commune urbaine de Labé, accueille l’Organisation depuis 2005, selon Mamadou Dian Diallo, le premier vice maire de Kaalan. Le Covid-19, en plus d’avoir perturbé l’exécution des projets de l’OMVS à Kaalan (voir Lynx N° 1508 du lundi 8 mars 2021) a aussi empêché la circulation des personnes, suite au confinement. C’est pourquoi, Mamadou Dian Diallo, au nom de ses habitants, a sollicité auprès de cet organisme de bassin, la relance des différents projets dans Kaalan et l’appui aux agriculteurs impactés.
Les paysans n’ont pu avoir de l’engrais l’année dernière à cause du coronavirus, par exemple. «Même si l’OMVS ne nous a pas dit qu’elle a été bloquée par coronavirus pour continuer ses projets, nous déduisons que c’est Covid-19 qui l’a empêchée de réaliser ses projets entamés ici, à Kaalan. Je demande à l’OMVS de reprendre ses projets à Kaalan, surtout le projet de l’ouverture de la piste sur le mont «Fankala». Mamadou Saliou Sy, le chef secteur de Missidè-Tiga (dans la sous-préfecture de Kaalan), au nom de sa communauté, a salué le projet d’aménagement du bas-fond de Sounssourè, vers le mont «Fankala», bien qu’il ne soit pas encore achevé à cause de la crise sanitaire ; il se félicite du début de réalisation d’une clôture grillagée d’un des basfonds du secteur de Parawol entre la fin 2019 et début 2020. Mais il supplie l’OMVS «à finir ce projet. Je sais que le coronavirus et les élections de 2020 en Guinée ont affecté ces projets, mais nous leur demandons de revenir, pour reprendre les travaux dont les objectifs sont très utiles à nos populations. Nous saluons la récente visite à Parawol d’un des leurs, un ingénieur, pour la revue des projets d’aménagement des bas-fonds. Nous espérons qu’ils reviendront bientôt, pour permettre aux bénéficiaires d’effectuer leurs activités dans ces bas-fonds cette année.» S’agissant de la relance des projets de l’OMVS, comme le vice-maire de Kaalan, M. Sy plaide pour la réalisation de la piste rurale qui passe par la montagne «Fankala», de forages améliorés (les deux réalisés dans le district de Missidè-Tigua seraient insuffisants pour les habitants), un poste de santé, (celui de Séguéya serait éloigné de notre secteur), entre autres.
Sous-préfecture de Noussy
Dans la sous-préfecture de Noussy (près de 14 mille habitants, 57 secteurs, 11 districts), située à 17 km au sud-est de la commune urbaine de Labé, l’OMVS procède à la formation des habitants sur, notamment, la lutte contre la déforestation, l’érosion des sols, pour la protection des têtes de source des cours d’eau qui se jettent surtout dans la rivière Dombèlè, affluent du Bafing qui forme, avec la Bakoye, le fleuve Sénégal. Dans le district de Diawoya, secteurN’ghangharan (S/P de Noussy), l’Organisation s’implique dans la préservation des sources du marigot Lori, avec ces endroits (Mangôl nétèrèhoun qui ne manquent pas d’eau), surplombé par la source dite « Sikkè-Alâ », autrement dit : «Sans aucun doute, Certain». Cette source est considérée par les communautés riveraines comme la source des sources du Dombèlè.
L’édification des cordons pierreux pour empêcher l’érosion, la plantation d’arbres et la délimitation de 30 mètres des espaces agricoles pour la protection des berges du marigot, sont effectuées par la communauté, grâce à l’OMVS. Le 1er mars, la source située au coeur d’un bowal, n’a pas encore tari, au milieu d’une forêt pourtant moins dense, mais protégée contre la déforestation, les incendies, l’ensablement.
Selon les habitants de N’ghangharan, le Covid-19 n’a pas entraîné l’arrêt des projets dans leur village. Le capitaine à la retraite, Boubacar N’ghangharan Diallo, affirme que les habitants sont heureux de bénéficier des techniques leur permettant de protéger le marigot, qui, malgré la saison sèche, fournit encore l’eau, pour les besoins du village (boisson, ligne, arrosage de certains jardins potagers).
Selon lui, la protection du Lori est confiée à tout le village, mais particulièrement à 7 personnes dont deux femmes. Ces gardiens ont interdit aux habitants, surtout les riverains, d’y jeter des habits usés, des plastiques, de couper les arbres sous aucun prétexte. Il est aussi interdit aux citernes venant de la commune urbaine de Labé d’y puiser d’eau, les propriétaires de motos d’y laver leurs engins.
Amadou Saran Diallo, peintre, est l’un des membres chargés de la protection des cours d’eau à N’ghanghran. Il se félicite du soutien de sa communauté, pour protéger les différents projets de l’OMVS dans leur village.
Abdoul Wahab Diallo, 67 ans, se félicite également de l’appui de l’OMVS. Il a rendu un hommage appuyé à ses aïeux qui ont su protéger Lori jusqu’à sa génération. «Au temps de nos aïeux, la forêt était si dense qu’on n’y pénétrait point sans une torche, même en pleine journée.» Aujourd’hui, il reconnaît que la forêt est moins dense, mais s’est engagé à s’impliquer «fortement» pour protéger Lori, car, «l’eau c’est la vie». Les reboisements d’arbres fruitiers dans N’ghanghran et non fruitiers le long de ses cours d’eau, par exemple, ont poussé, la dotation en grillage pour la clôture, grâce aux techniques apprises aux riverains par l’OMVS.
Le maire de la commune rurale de Noussy, Mamadou Noussy Diallo, se réjoui des projets de l’OMVS dans sa localité qu’il dit avoir bénéficié d’un aménagement de basfond de 22 ha 30 d’un coût à 1 milliard 117 millions de francs guinéens, la dotation de certains districts d’arbres fruitiers, le reboisement des têtes de source à : Diawoya, Kansaghy, Para, Noussy-centre. Pour lui, la pandémie Covid-19 n’a pas affecté les projets de l’OMVS à Noussy, même s’il estime qu’ils sont en veille.
Les femmes : Maladho Dian Diallo, Diouma Oury Diallo, Djénabou Bah, au nom de leurs soeurs, ont remercié l’OMVS pour les nombreux appuis, mais elles sollicitent l’adduction d’eau, l’appui à la création de groupements féminins pour la saponification, les cultures maraîchères. La liste n’est pas exhaustive.
En clair, si la communauté de N’ghanghran se félicite des techniques appropriées pour la protection des sources de ses cours d’eau, elles sollicitent auprès de l’Organisation, entre autres, un Centre de santé, une école, des airs de jeux pour la jeunesse de N’ghangharan, des forages (pour permettre «l’abandon» de Lori en toute saison), l’appui des femmes pour la création de groupements pour la saponification, l’entretien des jardins potagers, des mesures d’accompagnement destinées aux propriétaires terriens des zones interdites de déboisement, dans le cadre de la protection des berges des différents cours d’eau formant la Dombélè.
Mamadou Siré Diallo,
Envoyé spécial