Le défunt écrivain et historien guinéen Djibril Tamsir Niane avait de son vivant «porté à bras-le-corps la défense et l’illustration de notre mémoire collective» africaine, estime le ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal, Abdoulaye Diop.

«Mémoire lui-même, jusqu’à son dernier souffle», Djibril Tamsir Niane, décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Dakar, à l’âge de 89 ans, «a porté à bras-le-corps la défense et l’illustration de notre mémoire collective, de notre histoire, comme professeur, chercheur inlassable, essayiste, dramaturge, expert des grandes institutions culturelles mondiales », écrit-il dans un texte d’hommage.

«Djibril Tamsir Niane a définitivement lié son nom à l’empereur du Mali, à l’histoire toute de gloire et de noblesse du Mandé. Qui n’a pas lu Soundjata ou l’épopée mandingue ? Qui ne connaît l’auteur de ce livre qui, de son vivant, était un incontestable +Trésor humain+», ajoute Abdoulaye Diop.

Selon le ministre de la Culture et de la Communication, la «consternation générale consécutive à l’annonce de son décès n’a d’égale que la très haute estime et le respect dévolus au nom et à la figure épique de Djibril Tamsir Niane.» Outre «Soundjata ou l’épopée mandingue», livre cité parmi les classiques africains est inscrit au programme des écoles et universités de plusieurs pays à travers le monde, Djibril Tamsir Naine est l’auteur de nombreux ouvrages à travers lesquels il a tenté de restituer l’histoire de l’Afrique occidentale.

Dans ce lot, on peut citer son premier livre intitulé «Recherche sur l’empire du Mali au moyen âge» (1959), son mémoire de recherche à l’université de Bordeaux, mais aussi «L’Histoire de l’Afrique occidentale» (1961) coécrit avec l’historien et géographe français Jean Suret-Canale. 

Il a aussi écrit ses pièces de théâtre historique comme «Sikasso ou la dernière citadelle» suivi de «Chaka» publié en 1971 et ses recueils de « Contes d’hier et d’aujourd’hui » (1985) ou «Contes de Guinée» (2006) qui rendent hommage aux historiens traditionnels de son pays la Guinée. Djibril Tamsir Niane, membre honoraire de l’association des écrivains du Sénégal, a aussi participé à l’écriture de «L’Histoire générale de l’Afrique» sous la direction de l’Unesco, avec l’historien et homme politique burkinabé Joseph Ki-Zerbo.

Au Sénégal où il était installé depuis les années 1970, Djibril Tamsir Niane fut directeur de la Fondation Léopold Sédar Senghor, commissaire aux expositions d’art à l’étranger, conseiller technique du ministre de la Culture. «S’il a surtout été rendu célèbre par son Soundjata., il n’en a pas moins écrit d’autres ouvrages : des essais sur l’histoire de l’Afrique, des pièces de théâtre d’inspiration historique comme Sikasso ou la dernière citadelle. Partout, il a donné des conférences, jusque dans les lycées et collèges des terres profondes, pour semer la parole de la dignité, de l’estime de soi, du panafricanisme», relève Abdoulaye Diop.

«Disponible, il était toujours présent chaque fois qu’il s’agissait de célébrer l’Homme. Riche de son immense savoir, il savait garder la modestie des Grands, passer quasi inaperçu quand ne le trahissait son aura, sa prestance et la révérence qu’imposait sa seule présence», souligne encore Abdoulaye Diop.

«Au nom» du président Macky Sall, «au nom de la grande famille de la Culture et singulièrement des écrivains dont il était un membre des plus éminents», et en son nom propre, le ministre de la Culture a présenté ses condoléances à la famille du défunt «au Sénégal, à la Guinée et à l’Afrique qu’il portait en son cœur profond».

AD de l’Agence de presse du Sénégal