Suite à sa réunion ordinaire annuelle tenue le 31 mars, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale a noté une dépréciation considérable du franc glissant face aux devises étrangères. Avec une inflation à deux chiffres en perspective, l’embellie économique ne va poindre avant le troisième trimestre de 2022.

Si l’économie guinéenne s’est montrée résiliente en 2020, malgré le contexte sanitaire difficile, avec « une croissance du PIB de 5, 2 %, grâce à la performance des secteurs minier, énergétique et agricole », certaines réalités méritent d’être évoquées : la dépréciation du franc glissant de l’ordre 5, 9 % par rapport au dollar et 13, 5 % par rapport à l’euro ; « l’inflation en glissement annuel a atteint 10, 6 % en décembre 2020 et 12, 6 en janvier 2021 », admet la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG). Les prix des denrées alimentaires ont grimpé, à cause notamment de la hausse du coût du transport maritime. Les autorités font-elles un mauvais procès aux boulangers, molestés comme des malpropres à travers le pays ?

Et la BCRG d’égrener les autres facteurs de la mauvaise santé de l’économie guinéenne: mesures de restriction de voyage, travaux de reconstruction des infrastructures routières, fermeture des frontières avec certains pays voisins, troubles liés aux échéances électorales. Une des rares fois, si ce n’est la première, une voix officielle guinéenne admet que fermer unilatéralement nos frontières, pire, de manière prolongée, asphyxie notre économie.

Alpha Grimpeur s’enorgueillit régulièrement d’avoir organisé trois scrutins (référendaire, législatif et présidentiel) en 2020, sans une aide extérieure. La saignée financière n’a en revanche pas été sans conséquence sur l’économie nationale, causée tant par la facture réelle des élections que par la corruption et l’achat des consciences pour s’adjuger un troisième mandat anti-démocratique. Les échéances passées, Alpha Grimpeur fait feu de tout bois pour tenter de renflouer à nouveau les caisses de l’Etat.

Réactions

Le bout du tunnel n’est pas avant l’année prochaine, prévient le Comité de politique monétaire de la Banque centrale : « Projeté à 12, 8 % en moyenne au deuxième trimestre 2021, le taux d’inflation pourrait se maintenir à deux chiffres en décembre 2021, avant de s’établir à 9, 4 % au troisième trimestre 2022 ». Certains Guinéens avaient payé de leur vie pour essayer d’empêcher une présidence à vie. Les survivants payeront de leur poche la facture électorale.

Safayiou Diallo, économiste, ne semble pas sur la même longueur d’onde que la BCRG. « Le Comité n’explique pas à mon avis les causes de la dépréciation du franc guinéen. Ils estiment simplement qu’elle a entraîné une augmentation de la compétitivité. Ce qui peut être logique dans une économie dont le taux d’inflation n’est pas élevé comme le nôtre. L’augmentation de notre taux d’inflation explique bien la perte de la compétitivité, les prix guinéens risquent d’être en hausse par rapport à ceux d’un concurrent dont la monnaie est stable ». L’économiste de renchérir : « S’agissant des causes de l’inflation, il manque la hausse de la masse monétaire, l’augmentation des dépenses publiques. La hausse des impôts entraîne aussi l’inflation, tout comme celle des salaires ».

Diawo Labboyah