Ce jeudi noir du 22 avril, le Président-Grimpeur a interrompu son conseil des ministres à Sékhoutouréya pour s’en aller à N’Djamena, la capitale du Tchad, en vue d’assister aux obsèques de son ami et « complice », Idriss Deby Itno, abattu quatre jours plus tôt à l’issue d’un coup d’Etat très controversé. Quelques heures après sa mort, Idriss Deby, a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 19 avril par une Céni nationale digne de La Palice. Elle avait piloté de main de maître un scrutin à la béninoise caractérisé par l’exclusion du processus électoral de tous les candidats sérieux de l’opposition. Dont certains se retrouvent à présent en taule, inculpés de terrorisme. La formule est nouvelle.
68 ans d’âge, 30 ans au pouvoir, ce complice incontesté d’Alpha Condé a été remplacé à la tête du malheureux État tchadien par son fils, le général Mahamat Deby Itno. Homme de communication qui a horreur des médias, Alpha Condé n’a pu occuper le devant de la scène au cours de ces funérailles. Premier chef d’État présent à N’Djamena la veille de la cérémonie, c’est lui-même qui a twitté la nouvelle de son arrivée. Un seul site africain devra le confirmer plus tard, comme si « les grands médias » avaient décidé de rendre la monnaie au dirigeant guinéen. Pourtant, devant la famille mortuaire, il a eu des mots très forts, des révélations assez croustillantes sur sa « complémentarité économique et diplomatique » avec le défunt président tchadien. On aurait dû légitimement avoir là une interview de taille. Hélas ! La presse internationale commencerait-elle à manquer de curiosité ? On n’a même pas pu connaître si les six ans du 3è mandat d’Alpha ont été dictés par Deby. D’habitude, les capitales africaines tablent sur le nombre 5 et ses multiples. Conakry et N’Djamena font exception.
Tout le long des obsèques, Alpha Condé s’est confiné dans son fauteuil, installé « un peu loin du gotha du jour.» A la présentation des condoléances, deux Alpha Condé se sont présentés au micro de la télévision nationale tchadienne. Le premier Alpha est le jeune opposant historique qui, par FEANF interposée, connaît tous les mots dont souffre l’Afrique : « impérialisme, » « colonialisme,» « néo-colonialisme.» On aura tout décrit, pour ne rien dénoncer. L’autre Alpha n’est que le papa-promesses si familier au peuple de Guinée : « En 2050, l’Afrique sera le premier continent du monde. » La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont dû pouffer de rire. Si au moins, le Chinois de Kassory n’était pas mort.
En tout état de cause, force est de reconnaître que la stratégie du Président-Grimpeur à N’Djamena aura été payante. Personne n’a contesté la fermeté de Macron quant à l’avenir de la Françafrique : « La France ne laissera ni aujourd’hui ni demain menacer la stabilité du Tchad. » Levez la main, ceux qui ne jurent pas fidélité à leurs amis et complices ! Même néo-colonialistes. Le seul problème, c’est de trouver le mot juste. Au moment le plus juste !