Après le Conseil des ministres, le P’Tit Bout Kamara, nouveau porte-voix du goubernement, a fait le compte-rendu et ensuite s’est prêté aux questions des journaleux. Ils ont abordé les manifestations en Haute Guinée contre l’interdiction des prières nocturnes, des détenus politiques, de la détention du journaliste Amadou Diouldé Diallo et de la grève des huissiers et des avocats.
Dans le compte-rendu du Conseil des ministres, l’on ne mentionne pas expressément les manifestations en Haute Guinée qui ont fait des blessés et un mort. Aucune condamnation des violences ni de mot de compassion pour les blessés et l’adolescent mort à Kérouané. Le gouvernement reste ferme quant à l’interdiction des prières nocturnes. Pour le P’Tit Bout Kamara, face à la menace que représente la pandémie de la COVID-19, c’est la santé et la vie de la population qui préoccupent les gouvernants. «Vous voyez partout, ce n’est pas propre à la Guinée, il y a partout un conflit entre les restrictions et les limitations que nous imposent les mesures barrières et les précautions pour endiguer cette pandémie et les droits et les libertés que les citoyens revendiquent. Nous regrettons que pendant les manifestations, il y ait toujours des violences, toujours des actes de vandalisme et malheureusement parfois nous enregistrons des victimes. Le chef de l’Etat demande à ce que les populations comprennent que nous vivons une situation inédite qui affecte notre quotidien, qui bouleverse aussi bien le cours de nos vies et celui de l’histoire ».
Selon lui, le prési Alpha Grimpeur avec un certain nombre de guides religieux, a attiré leur attention sur le caractère exceptionnel de la vie que chacun subit du fait de cette pandémie. Il a rappelé que dans toute l’histoire, ce ne sont que ces dernières années que les musulmans n’ont pas pu effectuer le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam. « Aujourd’hui, nous comprenons les frustrations, les récriminations liées aux restrictions imposées par l’épidémie que le gouvernement en toute responsabilité essaye de prendre pour protéger la vie et la santé de nos populations. Vous voyez que les dernières décisions, les matchs vont se jouer à huis- clos désormais. Il n’y a pas une seule activité, une seule vie qui ne soit pas affectées par les mesures barrières, les restrictions qu’imposent les mesures barrières qui sont difficiles à supporter par rapport à nos habitudes acquises, à nos libertés et droits habituels. Il est nécessaire de préserver notre santé, nos vies et celles des autres face au péril commun que nous vivons actuellement ».
Des détenus politiques
Quant à la situation des détenus politiques, le P’Tit Bout Kamara adoucit et met tout à la charge d’une prétendue justice indépendante. « C’est un peu cela l’inconvénient, si inconvénient il y a, de l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs. J’aimerais rappeler que les personnes interpellées l’ont été à la suite des enquêtes menées par les services de sécurité et relayé par la suite à la justice pour l’instruction des dossiers pour établir ou non les griefs à l’encontre des différents accusés. En tant que gouvernement, nous avons le souhait même si nous ne disposons pas de pouvoir de pression sur la justice, nous exprimons un vœu que les procédures qui sont en cours soient rapidement instruites, qu’elles aboutissent à un procès qui permettra d’édifier l’opinion à propos des faits qui leur sont reprochés. Je pense que cela est d’autant plus important que vous le savez, le président de la République lui-même dans le passé a été opposant, homme politique, il a été confronté à cette même situation de l’indépendance de la justice et les difficultés à concilier parfois les droits politiques et l’autorité de la justice. Nous souhaitons donc que les procès connaissent une issue rapide. Mais malheureusement, ce n’est qu’un vœu que nous pouvons exprimer parce que la justice, très jalouse de son indépendance et les magistrats de leur autonomie et de leur autorité ».
Le porte-voix du gouvernement dit que les dossiers en instance n’aboutissent pas à des procès rapides qui puissent éclairer la lanterne publique, préoccupent. Même que le prési Alpha Grimpeur a donné des instructions pour que les détenus politiques soient bien traités en prison à travers un suivi médical. Quant à la détention du journaliste Amadou Diouldé Diallo en violation de la loi L002 sur la liberté de la presse, le P’Tibou Kamara dit avoir plaidé avec Boubacar Yacine, prési de la Haute Autorité de la Communication, pour sa cause. Il a souligné tout de même que les propos du journaliste étaient très graves.
Concernant la grève des huissiers et des avocats, il pense que le ministre de la Justice a bien géré le dossier et qu’il y aura très prochainement une issue heureuse.
Ibn Adama