Depuis quelques jours un certain Koly Goépogui passe de média en média pour dénoncer ce qu’il appelle le trafic de numéros matricules et plus généralement « la magouille » au niveau de ministère de la Fonction publique. Ce qui est très remarquable, c’est le nombre impressionnant de documents qu’il exhibe pour étayer chacun de ses propos. Et à chacune de ses déclarations, il met au défi ceux qu’il dénonce de prouver le contraire ou de porter plainte contre lui dans l’hypothèse où ils s’estimeraient diffamés. Il parle avec tellement d’assurance et de cohérence qu’on pourrait se demander ce qui le conduirait dans cette périlleuse entreprise de dénonciation s’il n’avait pas de preuves de ses affirmations.

En lieu et place d’un démenti auquel l’on est en droit de s’attendre en de telles circonstances, c’est plutôt une campagne de discrédit qui est lancée contre lui dans le but de détourner l’attention des faits gaves qu’il dénonce.  Certains le prennent pour un fou parce ce que dans ce pays, l’on n’est pas habitué à voir des gens qui dénoncent même de façon anonyme à plus forte raison à visage découvert. Ce que nous connaissons chez nous, c’est dénoncer de façon générale en incriminant tout le monde. C’est ici qu’on entend : « on est tous responsables ; on est tous coupables ». On ne met que rarement un nom sur le ou les auteurs d’un fait. On s’en prend même aux journalistes qui lui donnent la parole en les qualifiant de complices.

Sous d’autres cieux, une enquête administrative aurait été ouverte dès le lendemain de sa première intervention dans les médias afin d’éclaircir cette affaire. Ce devrait être le minimum. Un procureur de la République aurait même pu ouvrir une enquête ou une information judiciaire pour vérifier les propos de Monsieur Koly Goépogui.

Malheureusement, c’est le dénonciateur qui devient un démon. C’est pourquoi, il est difficile de dénoncer dans notre pays. Il y a toujours une armée de pourfendeurs prête à sortir l’artillerie lourde pour dénigrer le dénonciateur.

Me Mohamed Traoré