La crise née de l’élection d’un nouveau comité exécutif de la Féguifoot, Fédération guinéenne de football, est loin de s’estomper. Candidats, membres statutaires, commissions et lobbies se déchirent. Chacun pousse ses pions, cache son jeu afin de se positionner. Le statu quo demeure, la crise s’élargit aux commissions. Le 21 mai, dans un courrier, la commission d’ethnique de la Féguifoot, a sollicité la démission des responsables des commissions électorale et de recours. Amadou Tham Camara a estimé qu’il y a eu moult dysfonctionnements et manquement juridiques, mais aussi des violations des statuts et du code électoral constatés dans le processus électoral. Il les a invités à une démission «individuelle et collective» afin de permettre au comité exécutif de convoquer une nouvelle assemblée générale pour la mise en place d’une nouvelle commission électorale et celle de recours. «Cette solution permettra d’aplanir les divergences actuelles paralysantes et évitera les litiges et recours dont feront inévitablement objet toutes vos décisions futures, quelle que soient leurs pertinences», explique le communiqué. Finalement, le 27 mai, Aboubacar Dorah Koita, le prési de la commission électorale a été suspendu pour deux mois de toute activité liée au football pour injures à l’endroit d’Amadou Tham Camara, le prési de la commission d’éthique, auteur de la suspension.  

La course aux instances décisionnelles de la Féguifoot a entraîné moult rebondissements provoqués et alimentés par des conflits d’intérêts. Après le retrait, le 5 avril, de Kerfalla Person Camara (KPC), Mamadou Antonio Souaré, le prési sortant de la Féguifoot, avait eu momentanément la voie balisée, avant d’être écarté par une décision de la Fifa, le 18 avril. Ainsi, encouragé par ses alliés, KPG est revenu dans la course. Mais, la crise s’est élargie aux commissions, notamment électorale et de recours.

On aurait fédéré les forces

«Je suis en colère contre les anciens footballeurs du Syli national de Guinée. On devait être unis pour combattre le système. Quand on part en rang dispersé, on n’obtiendra absolument rien. Ceux qui dirigent aujourd’hui le football guinéen, n’aiment pas ce sport. Nous, on a choisi le football et ceux qui dirigent le foot étaient nos supporters. Nous avions choisi le football. On se rendait avec eux à l’école. Ils ont fini leurs études, maintenant il y a de l’argent dans le foot, ils ne veulent plus nous voir», fustige Abdoul Salam Sow, ancien joueur du Syli national de Guinée, le 28 mai sur Espace Fm. Pour lui, l’actuelle équipe dirigeante du foot doit rendre le tablier. «Quand j’entends dire que la commission d’éthique a suspendu celle électorale, c’est bien beau. Mais, cela n’est pas une question de personne. C’est de demander à ceux-ci de s’écarter de la gestion du foot, car ils n’aiment pas le football. La seule chose qu’ils apprécient, c’est leur petite personne. La Fifa et la CAF donnent assez d’argent à la Féguifoot. L’essentiel est d’être bien entouré. Quand on parle d’Antonio Souaré, ce n’est pas sa personne qui pose problème. Ce sont ceux qui tournent autour de lui. Il y a des gens, la seule chose qui les intéresse c’est d’être le président d’un club pour percevoir une subvention. Dès qu’ils l’obtiennent, ils disparaissent».

L’ancien sociétaire du Syli national a invité ses anciens coéquipiers à fédérer leurs forces autour d’un candidat qui est l’un des leurs afin de donner un souffle nouveau au foot guinéen. «Quand on regarde les textes, c’est Aboubacar Touré Boubatri qui doit passer. Ceux qui sont en train de nous embrouiller, ont lu les textes. Il y avait comme candidats Antoine et Boubatri, le premier a été écarté. Logiquement, c’est le second qui doit passer. Aujourd’hui, ils sont en train de tout faire pour qu’il soit écarté, notamment des membres statutaires. Peut-être qu’ils n’aiment pas sa tête. Que l’on respecte les règles. Que l’on foute la paix au texte ! Ceux qui sont en train de mettre en mal les textes, ce sont eux les problèmes, ce sont eux qui doivent partir. Suivons les textes ! On n’a pas besoin de les changer», tonne-t-il.

« Le foot ne se gère pas à Sékhoutouréya »

Le Prési Alpha Grimpeur s’est beaucoup impliqué dans la crise à la Féguifoot. Il a reçu plusieurs des responsables de la Féguifoot, notamment Antonio Souaré et Kerfalla Person Camara, histoire d’apaiser dit-on l’adversité entre les deux candidats. Apparemment, cela a amené le second à se retirer. Antonio Souaré, a été aussi recalé par la Fifa. Pour Abdoul Salam Sow, le football guinéen ne se gère pas à Sékhoutouréya. C’est à la Féguifoot, qu’il se gère. «La politique n’a rien avoir dedans. Avant d’aller à Sékoutouréya, on aurait dû lire les textes, les comprendre et les respecter. C’est le plus important ! Que l’on arrête de prendre les Guinéens pour des imbéciles. Ils prennent de l’argent avec les gens, après ils violent les textes. Ils n’ont qu’à prendre l’argent et en faire ce qu’ils veulent, mais qu’on nous fout la paix avec le foot ! Les textes, qu’on les respecte : les gens qui sont dans le système, qu’ils dégagent», dénonce-il-il.

Abdoul Salam Sow a déclaré qu’une bonne équipe de football est indissociable d’une bonne équipe dirigeante. Il dénonce qu’il y ait des entraîneurs qui soient en Ligue 1 qui n’ont pas de diplôme, pourtant «on avait dit que celui qui n’a pas de licence B ne doit pas diriger un club de Ligue 1. La seule chose qui les intéresse, c’est de prendre l’argent. C’est le seul pays où des parents donnent de l’argent à un entraineur pour sélectionner leur enfant. On ne peut pas obtenir de résultats avec cela», conclut-t-il.

Yaya Doumbouya