Le 20 avril, le monde apprend, médusé, la mort du Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. La stupeur, voire l’effroi est encore plus grand dans un Sahel où l’efficacité et l’abnégation des forces armées tchadiennes dans la lutte anti-djihadiste ont rendu incontournable l’homme fort de N’Djamena. On s’interroge particulièrement à la CEDEAO, l’UA, mais aussi en France. On s’interroge sur les circonstances de sa mort et les perspectives sombres qui se profilent par-dessus les dunes qui s’emboitent à l’horizon du Tibesti. Les nouvelles filtrent, parviennent sous les lambris des châtelains qui nous gouvernent mais aussi sur les réseaux sociaux.
Plus guerrier que chef de l’Etat, le Maréchal du Tchad est mort au front, au nord où il a rejoint son rejeton, le Général Mahamat Idriss Déby qui y est allé, à la tête de ses bataillons, tiédir les ardeurs de colonnes de guerriers du désert, déferlant de la Libye du Maréchal Khalif Haftar sur le Tchad, à travers le Tibesti. Où les ont naguère précédés, Hissène Habré et NGoukouni Oueddei, dans leur mouvement de conquête de N’Djamena. Les circonstances de la mort sont peu claires.
Qu’importe ! Déby mort, une brochette de 15 étoilés qui ne se différencient les uns des autres que par le nombre d’étoiles qui scintillent sur leurs épaules, a fait mains basses sur le pouvoir et imposé le Général Mahamat, fils de son père, à la fois Président du tout nouveau CMT et de la République. Pire, c’est un véritable clan Déby Itno qui envahit l’Etat. Tout cela au grand dam du landerneau politique tchadien dont les cris d’orfraie ne semblent point émouvoir la communauté internationale, en particulier l’UA. Pourtant, en pareilles circonstances, l’UA fait toujours montre de célérité à travers des sanctions dont la plus paralysante et la plus chiante est l’exclusion de l’Etat indélicat de l’Organisation continentale. Mais le cas de figure du Tchad n’est pas tout à fait comparable à ceux dont est coutumière l’UA.
On cogite sur la situation du Tchad à l’aune de l’évolution du terrorisme au Sahel. Le Président Tchadien et ses troupes se sont affirmés comme le fer de lance de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ils sont présents au Centre du Mali, dans la zone des trois frontières où le Mali, le Niger et le Burkina Faso jouxtent mais aussi dans la région du Lac Tchad. Ce rôle leur est reconnu par tous les acteurs majeurs de la crise qui perturbe le Sahel et leur vaut l’indulgence, voire la complaisance de tous.
Les Généraux putschistes de N’Djamena et le clan Zaghawa des Itno s’organisent, font peu cas des récriminations des opposés et des activistes de la Société civile qu’ils relèguent au rang de vulgaires nervis qui troublent leur quiétude et compromettent leurs aspirations de prolonger l’ère Déby. Mais pour le moment, les nouveaux maîtres peuvent demeurer sereins. Le ciel est tout bleu. Point de cumulus à l’horizon. Le dernier communiqué du Conseil de paix et de Sécurité de l’UA est comme un pied de nez à tous ces aigris qui vouent aux gémonies les étoilés du sable et leurs parents Zaghawas qui ne demandent qu’à conserver ce qu’ils considèrent comme leur bien et terminer les programmes qu’ils ont initiés. Comme disent leurs semblables partout en Afrique. Vous avez dit programmes ? Lesquels donc ? Mon œil !
Abraham Kayoko Doré