Ce lundi 3 mai, le monde célèbre la journée internationale de la liberté de la presse. La Guinée s’y associe maintenant « par tradition». L’événement est placé sous l’égide de trois ONG, toutes célèbres pour leur rôle dans la défense de la liberté de presse et d’expression. La plus ancienne de ces organisations non gouvernementales, le Comité pour la protection des journalistes, est américaine. Créé en 1981 en réponse au traitement parfois brutal subi par les journalistes, le CPJ a son siège à New York, des correspondants dans les principales régions au monde.
La deuxième ONG, Reporters sans frontières, a été fondée en 1985. De son siège de Paris, elle couvre neuf sections nationales : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède, Suisse. S’y ajoutent des représentations en Asie, (Bangkok, Istanbul, Tokyo), en Amérique (Montréal, Washington), et quelque cent vingt correspondants dans le monde.
La troisième ONG, l’International Freedom of Expression Exchange. Fondée en 1992, IFEX est un réseau virtuel mondial qui surveille les violations de la liberté d’expression et qui organise, fédère ou relaie les campagnes conjointes ou organisées par ses propres membres, pour la défense des journalistes, écrivains et d’autres personnes persécutées alors qu’elles exercent leur droit à la liberté d’expression.
Reporters sans frontières a la particularité ou la malchance de classer les pays, tous les pays du globe selon le degré de liberté de presse et d’expression dont jouissent leurs populations respectives. La Guinée occupe le 109è rang en 2021. Ce qui fait de RSF l’ennemi n0 1 du Président Grimpeur. Le chemin tortueux qu’a emprunté le peuple de Septembre pour décrocher ce classement est quasiment atypique. La Guinée d’Alpha Condé constitue une nation relativement jeune en termes de gestion de la liberté de presse et d’expression. La Palice vous le dira certainement. Les nationalistes guinéens qui se battaient pour la liberté de leur colonie dormaient la peur au ventre. Ray Autra vivait dans la clandestinité. Il devait constituer le symbole le plus vivant de cette période héroïque. Que nenni ! Sékou Touré qui faisait partie du réseau de distribution de ces précieux outils du nationalisme en savait quelque chose.
Parvenu au pouvoir le 2 octobre 1958, Sékou a préféré placer toutes les têtes sous le bonnet de la répression. Celles de ses anciens collaborateurs de la presse, les premières. Il aura fallu le pouvoir militaire de Fory Coco et un policier nommé Hervé Vincent Bangoura, ministre de l’Information, pour élaborer les premières lois sur la liberté des médias, quelque 33 ans plus tard. Si dures qu’aient été celles-ci, leurs géniteurs méritent notre reconnaissance. Quitte pour l’opposant historique à grimper encore plus haut pour s’en prendre aux défenseurs des médias : RSF, CPJ, IFEX, et j’en passe. A la limite, c’est son problème. Nul ne l’ignore. Ce n’est point l’information ni les défenseurs de celle-ci qui dérangent Alpha, mais le peuple informé. Que voulez-vous que l’on fasse ?
Diallo Souleymane