Nanfo Ismaël Diaby, imam qui officiait ses prières en langue nationale maninka, a été fixé sur son sort ce mercredi 26 mai. Le prédicateur a été condamné par le tribunal de première instance de Kankan à douze mois de prison dont six avec sursis. Il a été condamné pour « trouble à l’ordre public et violation des interdits ». Nanfo Diaby devra également s’acquitter d’une amende de 500 000 francs guinéens.
Le juge n’a donc pas totalement suivi les réquisitions du procureur Aly Touré. Ce dernier avait demandé au TPI de Kankan, le 18 mai, de condamner l’imam à deux ans d’emprisonnement et au paiement d’un million de francs guinéens d’amende. Le juge a préféré coupé la poire (presque) en deux.
Pendant son procès, Nanfo Diaby avait clamé qu’il pratiquait une religion autre que l’islam que lui et ses fidèles appellent le Djérékolobaya, révélé par un curieux prophète de nom de Mamadi. Déclaration qui avait abasourdi plus d’un dans la salle d’audience. Mais le prédicateur va tout de même en prison pour les six prochains mois. Sauf si la Cour d’appel décide d’infirmer cette décision, puisque ses avocats ont décidé d’interjeter appel. Tout comme le procureur de la République, insatisfait de la décision.
« Nous demandons vigoureusement sa libération »
Ismël Nanfo Diaby a été interpellé par les services de police, le 13 mai dernier, alors qu’il officiait la prière de l’Aïd-El-Fitr à son domicile avec sa famille et ses fidèles. Il est incarcéré depuis à la prison civile de Kankan. « Au nom des fondements de vie en commun et du principe de la laïcité de notre pays, la République de Guinée, nous demandons vigoureusement la libération pure et simple de l’imam Nanfo Ismaila Diaby et son rétablissement dans ses droits », a martelé un collectif de femmes de Kankan favorable au prédicateur controversé, dans une déclaration du 24 mai. « Nous estimons que l’Etat a le devoir de protéger ses citoyens et de garantir leurs libertés. Il ne doit pour cela en aucun cas manquer de neutralité face à la pluralité des idéologies. Nous considérons que la justice existe pour l’égalité formelle entre les hommes », ajoutait le même collectif.
Yacine Diallo