L’interdiction des prières nocturnes durant les 10 derniers jours du mois de Ramadan par le Secrétariat général des Affaires religieuses sur recommandation de l’ANSS (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), suscite des vagues d’indignations à travers la Guinée. Dans les régions de la Basse-Guinée et du Fouta, les populations musulmanes ont accepté la décision, la mort dans l’âme. En Haute-Guinée, le populo a désapprouvé la décision et l’a bel et bien démontré.

A Conakry, la commune de Ratoma réputée chaude, est militarisée. Les agents de sécu-raté entendent par-là, parer à toute éventualité. Chaque carrefour et coin de rue, flics, pandores et bidasses veillent au grain. Aucune manif ne sera tolérée. C’est dans cette commune que l’Etat met les moyens pour appliquer la loi, s’offusque un citoyen. Par exemple, actuellement le port obligatoire du masque et la distanciation physique dans les mosquées sont strictement respectés dans Ratoma, au risque de se voir gazé, violenté et embastillé. Les évènements récents de la mosquée turque de Bambéto en sont illustratifs. Les citoyens de cette commune en sont conscients. Ils évitent au maximum les mouvements.

Situation en Haute-Guinée ?

Comment la Haute-Guinée, elle, a réagi à la décision du Secrétariat des Affaires religieuses ? La région a manifesté, notamment les villes de Kankan, de Siguiri où, dès l’annonce de l’interdiction des prières nocturnes des 10 derniers jours du mois de ramadan, le populo a manifesté la même nuit, dénonçant cette mesure. Les manifestants ont barricadé les routes et ont attaqué le commissariat de Police en cassant les vitres du bâtiment et les teufs-teufs des flics stationnés à l’intérieur de la cour.

 Après Siguiri, les populations de Kankan ont aussi manifesté dans la nuit du mardi 4 à mercredi 5 mai, pour protester contre la mesure des Affaires religieuses. Comme si cela ne suffisait pas, les gens en colère ont battu le pavé dans la journée de ce mercredi 5 mai. Des manifestants en nombre ont nuitamment marché du rond-point appelé Sassangbéré jusque chez le grand imam de la ville. Là, ils se sont heurtés à un groupe de personnes favorables au grand imam. Ambiance ! Des jets de pierres ont retentit entre les protagonistes. Il y a eu plusieurs blessés enregistrés. Mais l’intervention des forces de l’ordre a limité les dégâts, selon des témoins. De là, les contestataires se sont dirigés vers le siège du Gouvernorat, au cœur de Kankan. Arrivés là, ils ont été encore dispersés à coup de gaz lacrymogènes. N’ayant pas été entendus, ils ont barricadé la route principale de la ville, brûlé des pneus. Ce qui a fini par transformer la manif en guérilla urbaine. Dans l’après-midi, un calme précaire régnait dans la ville. Mais l’on redoute des manifestations cette nuit.

A N’Zérékoré, en Guinée-Forestière, des musulmans menacent de manifester, pour exprimer leur mécontentement contre l’interdiction des prières nocturnes dans les dix derniers jours du mois de Ramadan. Ces jours sont censés procurer aux musulmans beaucoup plus de bénédictions que n’importe quel jour du mois saint, au cas où leurs prières étaient agrées par Dieu.

Ibn Adama