Le lancement de l’Éco, la future ex monnaie commune ouest-africaine est reporté à 2027 par la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO. C’est la quatrième fois que l’échéance est repoussée. Pourquoi et où ça coince ?
Si la pandémie de Covid-19 a contribué à repousser la date du janvier 2021, en aggravant l’inflation, le contexte et les indicateurs économiques n’étaient pas aussi remplis pour pouvoir organiser la réforme. Interrogé par Rfi, Maître Boris Martor, avocat au barreau de Paris, associé au sein du cabinet d’avocats Bird & Bird, spécialiste du financement des entreprises, des institutions, des infrastructures et des énergies sur le continent africain explique qu’il y a de l’Eco dans l’Eco : «Puisqu’il y a le sujet de changement de nom de franc CFA pour l’Éco. Et là, sur le calendrier de l’UEMOA elle-même, on n’a pas encore totalement de visibilité pour savoir si ce changement de nom va avoir lieu, et si en réalité le franc CFA et les mécanismes dont j’ai parlé vont demeurer, juste avec un changement de nom. Rien ne semble impossible, puisque les éléments que j’ai cités pour l’EMOA ont été accomplis depuis décembre 2019 et de toute façon la Zone franc CFA de l’UEMOA, avec ses huit pays, va continuer d’avoir une parité fixe avec l’Euro, avec une garantie de convertibilité illimitée et inconditionnelle».
Selon l’avocat, la Zone Franc CFA qui serait renommée Éco a déjà un système qui fonctionne. Elle est arrimée à la Zone euro alors que la zone Éco nécessiterait que l’ensemble des économies des sept autres pays qui ne sont pas arrimés à l’euro, choisissent, soit un arrimage à l’euro, soit un panier de devises pour régler le problème.
Alors que le Nigeria et le Ghana font beaucoup d’échanges en livres sterling, «ce serait une réforme d’ampleur d’avoir quinze pays qui choisissent une même monnaie, alors même qu’ils ne viennent pas du même horizon ou n’ont pas eu le même historique monétaire», signale l’avocat.
«Ce qui bloque, c’est certainement un compromis politique mais aussi de savoir exactement ce que veulent faire les membres de la Cédéao, s’ils veulent se donner les moyens de leurs ambitions». Pour l’instant, dit l’analyste, si la réflexion est très avancée, il reste des progrès à faire et beaucoup d’inconnus.
Tély Diallo