Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international, FMI, a conclu la consultation au titre de l’article IV (recueil d’informations économiques et financières, discussion avec les responsables des politiques économiques du pays) de 2021 avec la Guinée. Le tableau est plutôt noir. Inflation à deux chiffres, déficit budgétaire, hausse de la dette, maladie, tels sont les maux retenus par l’institution.
Voyants au rouge
Bien que la croissance globale ait été forte (7,1% du PIB en 2020), soutenue par un secteur minier, l’économie non minière qui emploie la grande majorité de la population, a été fortement touchée par la pandémie de Covid-19, selon le FMI. «L’inflation a dépassé 10% fin 2020 et s’est depuis accélérée pour dépasser les 12%, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le déficit du compte courant a atteint 13,7% du PIB, les réserves ont augmenté, en partie grâce au soutien des donateurs pendant la pandémie, atteignant 1,3 milliard de dollars fin de 2020».
Même que le déficit budgétaire a atteint près de 3% du PIB, reflétant la mise en œuvre du plan de réponse à la crise des autorités pour augmenter les dépenses de santé et que l’amélioration de la production minière ne s’est pas traduite par une augmentation des recettes fiscales, dit-on.
En conséquence, affirme le FMI, la dette publique a augmenté à 43,4%, reflétant également le premier décaissement du prêt important pour le projet de barrage de Souapiti. «La politique monétaire a été accommodante, ce qui, conjugué à des mesures réglementaires accommodantes, a contribué à soutenir l’offre de crédit à l’économie. La crise a détérioré des indicateurs sociaux déjà faibles. En plus d’un pic de cas de Covid-19 en avril 2021, la Guinée a également été confrontée à un défi de santé supplémentaire en raison d’une nouvelle épidémie d’Ebola en février 2021».
Croissance robuste
Les autorités et l’OMS ont déclaré la fin de l’épidémie d’Ebola le 19 juin dernier. La croissance réelle devrait rester forte en 2021 à 5,2%, soutenue par une croissance robuste et continue du secteur minier, selon les prévisions du FMI. « L’inflation devrait rester au-dessus de l’objectif à un chiffre de la BCRG tout au long de l’année. Les chocs sur les prix des matières premières sont une source importante de vulnérabilité. D’autres risques externes incluent une disponibilité réduite du financement des donateurs et des tensions géopolitiques accrues». D’ajouter que l’activité minière pourrait augmenter plus rapidement que prévu, en particulier avec le projet de minerai de fer de Simandou, qui pourrait impulser la croissance.
Minimiser l’exonération fiscale minière
Le FMI a fait une évaluation de la situation, et le bilan est plutôt mitigé. Les administrateurs se sont félicités de la croissance « résiliente de la Guinée en 2020 » et ont noté les perspectives favorables à court terme, sujettes à des risques de baisse tout de même. Ils ont encouragé la poursuite des efforts visant à créer un espace budgétaire pour les investissements dans les infrastructures, le capital humain et la protection sociale. De souligner l’urgence de la mobilisation des recettes intérieures, en particulier du secteur minier. Ils recommandent d’appliquer « pleinement le Code minier aux nouveaux contrats, de minimiser les exonérations fiscales et d’adopter le Code général des impôts ».
Ne plus subventionner l’énergie
Les administrateurs ont également demandé aux autorités à améliorer l’efficacité des dépenses et à «éliminer les subventions à l’énergie». Ils ont également encouragé les autorités à continuer de renforcer la gestion des finances publiques et de maintenir des politiques «prudentes d’emprunt extérieur, en optimisant le recours aux financements concessionnels et aux dons pour préserver la viabilité de la dette».
Le FMI a souligné la nécessité de lutter contre la hausse de l’inflation, en accélérant le remboursement des avances de la Banque centrale. Il faudra aussi, limiter le financement monétaire du budget et poursuivre la modernisation du cadre de la politique monétaire, en mettant l’accent sur une gestion plus active des liquidités et une communication plus claire des objectifs monétaires.
Les administrateurs ont encouragé les autorités à continuer de renforcer la lutte contre la corruption, en adoptant et en mettant en œuvre rapidement la stratégie nationale et le régime de déclaration de patrimoine. Vaste programme !
Oumar Tély Diallo