Le 21 juin dernier, la sentence du Fonds monétaire international concluant la consultation au titre de 2021 est tombée de Washington, comme un couperet pour disséquer l’Alphagouvernance comique. Comme à l’accoutumée, elle caresse l’administration publique économique dans le sens du poil. «Bien que la croissance globale ait été forte (7,1% du PIB en 2020), soutenue par un secteur minier dynamique, l’économie non minière qui emploie la grande majorité de la population, a été fortement touchée par la pandémie de Covid-19… Les importations de service de gestion, de fret et de télécommunication ont augmenté compensant la forte croissance des exportations du secteur minier… Les réserves ont continué d’augmenter, en partie grâce au soutien des donateurs pendant la pandémie.»
Même si le Conseil d’administration du FMI note un déficit budgétaire de 3% du PIB, le dérapage s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan de réponse à la crise sanitaire des autorités pour augmenter les dépenses de santé et soutenir les ménages vulnérables. Du point de vue de l’institution de Bretton Woods, la politique monétaire a été accommodante, ce qui, conjugue à des mesures réglementaires accommodantes, a contribué à soutenir le crédit à l’économie. Voilà pour la carotte. Quid du bâton ? Les administrateurs du Fonds ne se sont pas privés de s’acharner à découvrir des poux sur la tête du Grimpeur et des grimpereaux. Voyons, voyons ! Leur curiosité a été titillée par les transferts de bénéfices liés aux prix des transferts erronés, l’application insuffisante et peu efficace du Code minier aux nouveaux contrats miniers, les exonérations fiscales généreuses et l’absence du Code général des impôts. Les grosses huiles de l’institution planétaire, par mauvaise foi ou dans l’ignorance des réalités du bled recommandent même d’éliminer les subventions à l’énergie. Elles ignorent sans doute l’existence de l’Axe dont les colères pour cause de ténèbres sont redoutables !
La complaisance de la Chine en matière de prêts et le souci de revenir au niveau du stock de la dette guinéenne à l’époque du point d’achèvement de l’IPPE, le pays du Grimpeur est sommé de «maintenir les politiques prudentes d’emprunt extérieur en optimisant le recours aux financements concessionnels et aux dons pour préserver la viabilité de la dette».
L’Alphagouvernance a été épinglée sur l’inflation, phénomène qu’elle prétend maitriser. «Les administrateurs ont souligné la nécessité de lutter contre la hausse de l’inflation et limiter le financement monétaire du budget.» Comme un procureur magnanime mais ferme dans sa plaidoirie, le Conseil d’administration du Fonds a clos sa sentence par des propos lénifiants à laisser les gouvernants perplexes et les gouvernés dubitatifs. «Les administrateurs ont encouragé les autorités à continuer de renforcer le cadre de la lutte contre la corruption, notamment en adaptant et en mettant en œuvre rapidement la stratégie nationale et le régime de déclaration de patrimoine ».
La lutte contre la corruption et la déclaration de patrimoine sont deux thèmes que le gouvernement aurait tus tant ils dérangent et fâchent. De la corruption, on parle il y a belle lurette ! Elle est toujours là paraissant se porter mieux qu’hier. Elle ne semble guère essoufflée. Quant à la déclaration de patrimoine, personne ne s’y soumet quoique la constitution l’impose. Beaucoup pousseraient des urticaires si l’Etat de droit était débout et solide sur le continent d’ébène.
Abraham Kaoyoko Doré