La neuvième législature guinée-haine établie au forceps en avril 2020, à la suite des légis-tardives controversées en mars de la même année, n’aura vécu qu’une année et demie. Le 2 septembre dernier, à 72 heures du renversement du Prési Alpha Grimpeur, les dépités ont adopté en session extraordinaire la Loi des finances rectificative 2021. Survient, le 5 septembre, le coup d’Etat perpétré par Laye-M’a-dit Doum-bouillant, lequel a, par la suite, dissout les institutions constitutionnelles. Ainsi, privés de privilèges, de primes et de salaire, un collectif de dix dépités du Parlement dissout, a écrit au Prési de la Transition, le 9 septembre. Ils sollicitent une audience afin de lui détailler leurs griefs, déjà mentionnés dans la demande lui (ci-dessous) adressée.

« En effet, Monsieur le Président, à l’avènement du 5 septembre, nous étions dans l’attente de nos salaires du mois d’août ainsi que les primes de la dernière session extraordinaire. Plus de la moitié des anciens députés sont venus de l’intérieur du pays et la quasi-totalité a contracté des prêts auprès des banques. Depuis la rupture brusque de notre mandat, les revenus sont bloqués et la précarité s’est instaurée (loyers, dettes, carburant, déplacements). A cela s’ajoute la menace d’emprisonnement qui pèse sur ceux qui sont déjà endettés auprès des banques », s’apitoient-ils. Ces dépités déchus et déçus rappellent que chacun d’eux, en vertu de l’article 72 al.7 du Règlement intérieur du Parlement, pourrait solder ses obligations contractuelles, régler ses problèmes de famille et reprendre dignement une vie équilibrée.

Les signataires de la demande : Boubacar Siddighy Diallo, Fodé Mohamed Soumah, Dr Ibrahima Sory Diallo, Dembo Sylla, Dr Moussa Soumah, Abdoulaye Sano, Mohamed Lamine Kaba, El hadj Malick Sylla, Pépé Koulémou et El Hadj Mamadou Sylla, réclament à la junte le payement des salaires du mois août. Mais aussi les primes de leur session By by, du 27 août au 4 septembre à l’hémicycle rectangulaire, où trônait le jaune d’Amadou Damaron-ron Camara, désormais aux oubliettes. Sauf si la justice le remonte à la surface, à travers des enquêtes, puis des poursuites judiciaires. Nul n’est clean !

« Nous ne sommes pas des pleureuses… »

Le 14 septembre, Fodé Mohamed Soumah, cinquième vice-prési du Parlement dissout, que nous avons joint, a déclaré : « Nous estimons que de la même façon que les généraux mis à la retraite ont été accompagnés, de la même façon que nous devons l’être. Il faut qu’on apprenne à récompenser le mérite, le service rendu à l’Etat. Je pense sincèrement que les autorités vont accéder à cette demande afin de nous soulager. » Cet ancien dépité de l’Alliance patriotique et prési du parti Géci (Génération citoyenne), invite le populo à mesurer l’importance d’une Assemblée nationale et du boulot « gigantesque » qu’elle a abattu. Le candidat malheureux à la pestilentielle de 2010, devenu dépité au Parlement monocolore de la 9 èm législature, indique qu’elle a adopté quarante-quatre lois en moins des deux ans.

« Sincèrement, tout travail mérite salaire et il faudrait que les gens arrêtent de se lamenter. Nous ne demandons pas une faveur, mais un droit. Nous avons travaillé, nous demandons à être payés. Nous ne sommes pas des pleureuses qui réclamons ce que nous ne méritons pas. J’ose espérer que les nouvelles autorités vont nous accompagner sachant que notre mandat de cinq ans a été écourté, sachant que nous sommes des élus, sachant que nous avons dépensé des milliards pour être là où nous étions. Il faut que l’on sorte de l’émotion afin d’aller vers l’essentiel », plaide-il.

Prêt pour la Transition

Les yeux doux à l’endroit du CNRD ne manquent pas. Fodé Mohamed Soumah est disponible de figurer dans la Transition. Histoire de « remplir » sa mission, « poser des actes » afin de s’inscrire dans l’histoire de son pays. Il indique que si une telle opportunité s’offre à lui, ne serait-ce qu’être un chef de quartier, « et que cela peut servir mes concitoyens, je suis preneur. » Mais, précise qu’il ne faudrait pas pour autant tomber dans les travers. Autrement dit, « être en mission commandée, ou souffrir de manque de moyens pour remplir sa mission. »

En outre, le dépité déchu affirme que la refondation de l’Etat chantée par le CNRD ne doit pas être un vain mot, mais doit être assorti d’une obligation de résultat. Mais aussi, la refondation devrait être accompagnée du mérite, de la récompense, et des sanctions. « Tant que nous ne mettrons pas en branle ces trois vecteurs, parler de refondation serait vain », persuade M. Soumah.

Yaya Doumbouya