A moins de deux semaines d’intervalle, le Mali et la Guinée célèbrent leur accession à l’indépendance. Le 22 septembre, nos voisins Maliens ont fêté dans la douleur et la tristesse l’anniversaire de leur indépendance politique, tandis que le 2 octobre nous allons étrenner l’an 63 de notre indépendance. Une opportunité de revisiter l’histoire récente de ces pays, avec une allusion à une éphémère Union reléguée aujourd’hui dans les archives. Il s’agit de l’Union des Etats Africains constituée de la Guinée, du Mali et du Ghana.
Dans les années 60, une Union de deux puis trois Etats africains d’Afrique de l’Ouest fut constituée. Cette Union était politiquement socialiste et panafricaniste, et était dirigée par les révolutionnaires africains Kwamé N’Krumah du Ghana, Sékou Touré de Guinée et Modibo Keïta du Mali.
En 1962, cette Union se disloqua lorsque la Guinée commença à se rapprocher des Etats-Unis contre la ligne marxiste de ses partenaires, qui étaient plutôt orientés vers l’adversaire des Etats-Unis pendant la guerre froide, l’Union Soviétique.
Avec le recul, l’on peut valablement évaluer le parcours de ces trois pays, qui malgré les vicissitudes de l’histoire auraient pu construire une entité économiquement et politiquement forte au bénéfice des populations de la zone. Aujourd’hui seul le Ghana a tiré son épingle du jeu. La Guinée et le Mali avec des parcours différents sont bien moins lotis que le Ghana, qui fait la fierté du continent.
Ayant profité de la nouvelle ère « imposée » par la démocratie multi partiste consécutive à la chute du mur de Berlin, le Ghana s’est agréablement distingué par le respect de la démocratie, avec une alternance du pouvoir réussie.
Cette réussite ne peut être séparée des réformes institutionnelles qui jouent un rôle très important dans ce pays. En effet, le Ghana est un cas d’école pour les réformes de fond, démentant par là l’idée répandue par certains selon laquelle seuls les pays développés peuvent s’offrir le luxe de la bonne gouvernance. En 1983, le gouvernement Jerry Rawlings arrive aux affaires dans un Ghana très malade tant sur le plan institutionnel qu’économique. Le Ghana s’engage alors dans des réformes avec comme objectif de transformer complètement la situation socioéconomique du pays. Après des réformes institutionnelles (campagne contre la corruption, collaboration avec le FMI avec des programmes de redressement économiques, etc.), en 1990, les notes grimpèrent déjà respectivement à 4, 3, et 4. En 2007, il occupait la 56ème position en termes de liberté économique selon Fraser Institutes, alors qu’au début des années 80, il n’avait que la 101ème place.
Ces réformes ont changé l’environnement économique du pays. Ainsi, l’incitation positive à l’entreprenariat, à l’investissement, à la création de valeur… et une meilleure gestion des deniers publics se mirent progressivement en place. Le pays devenant fréquentable, réussit à contenir peu ou prou les dérapages macroéconomiques et, aussi, négocia relativement bien ses réformes libérales.
En termes de bonne gouvernance, le Mali et la Guinée devraient s’inspirer de l’exemple du Ghana. A tous points de vue, ce pays s’est détaché du lot des mauvais élèves de la classe des pays pauvres du continent. C’est pourquoi, l’an 63 de notre accession à la pleine souveraineté est à mettre à profit par chacun d’entre nous, pour réfléchir sur le parcours du pays. Qu’est-ce que nous avons bien pu faire pour consolider notre indépendance politique ?
Thierno Saïdou Diakité