Le CNRD n’a pas été avare d’initiatives majeures depuis que les Forces spéciales ont délogé le Professeur de Sékhoutouréya. Des concertations avec les forces vives de la nation, il est allé au recueillement sur les tombes des anciens présidents, au cimetière de Bambéto, au Stade du 28 septembre et au domicile de Dame Andrée Touré. Mais deux suspens tenaillaient les Guinéens et alimentaient les rues-meurent, en l’occurrence les noms des femmes et des hommes qui doivent constituer le CNRD ainsi que la personne du Premier ministre.

On connaît désormais le PM et la structure du gouvernement en attendant de s’habituer à la frimousse de ceux qui arpenteront les couloirs des départements ministériels. Les heureux élus ! De quel background se prévaudront-ils ? Celui du PM augure-t-il  ceux des ministres ? On verra ! Sur le plan international, le PM a un background très intéressant. Il a travaillé pour moult institutions internationales à différents niveaux de responsabilité. On l’a vu à l’ouvrage au PNUD à ses débuts, à l’UNOPS (bureau d’appui aux projets), et enfin au FIDA où il a fait une fulgurante et brillante carrière. De l’expérience et de l’entregent, la nouvelle bosse de la Primature, en a à vendre et à revendre. Son carnet d’adresses est conséquemment bien rempli. Ce qui ravit nombre de Guinéens qui, un tantinet naïfs, rêvent déjà à d’intarissables flux de sons qui inonderont bientôt les « Rivières du Sud ».

Alléluia le développement, alléluia le nirvâna des Guinéens ! Ni euphorie ni rêve. Il est indéniable que le vécu professionnel et les nombreuses relations que le PM a tissées dans le monde ouvriront portes et fenêtres sur des capitaux, (IDE et aides au développement), que le pays pourra engranger pour booster son développement au profit notamment de sa nombreuse jeunesse aux immenses attentes (formation de qualité, emplois décents, revenus intéressants, excellentes conditions d’existence, excusez du peu !) Toutefois, attendons de voir ! Il y a loin de la coupe aux lèvres ! On ne vend pas la peau de l’ours avant d’avoir abattu la bête !

Mohamed le Béat, notre fringuant PM, ne trouvera de sésame à ouvrir qu’à conditions que le pays ait une gouvernance de bonne qualité, sensible au développement. Or la gouvernance et le leadership actuels sont bien loin du standard international. L’un des indicateurs les plus usés de la bonne gouvernance est la justice. Elle permet de jauger et évaluer la gouvernance. Or la justice a presque toujours été dans un état piteux, calamiteux. Au lendemain de son installation à Sékhoutouréya, le Président déchu, Alpha Condé a reconnu qu’il n’y a pas de justice en Guinée. Par la suite, il n’a eu de cesse de fustiger l’incompétence et la cupidité de ceux qui jugent, notamment les magistrats qui viennent d’ailleurs de lui donner raison à travers le triste spectacle auquel les Guinéens ont assisté au début de la semaine dernière, spectacle qui a terni l’image de l’institution judiciaire, mais aussi et surtout celle de toute la nation. Tout le monde a suivi le woba-woba entre deux grosses huiles de ce système, le procureur de la République près le TPI de Dixinn, Sidy Souleymane Ndiaye et le juge Alphonse Charles Wright, celui-là demandant à celui-ci de trouver des arguties pour arranger un dossier permettant de mettre au gnouf, Foniké Mengué, activiste de la Société civile coupable de s’opposer au troisième mandat de Alpha Condé.

De telles décisions de justice sont préjudiciables à la bonne gouvernance et de nature à dissuader les investisseurs (sauf chinois, russes et turcs) et surtout ceux qui apportent l’aide bi et multilatérale au développement. Heureusement que le colonel Laye-M’a-dit Doum-bouillant et le CNRD font de la justice la boussole de leurs actions. Ainsi soit-il !

Abraham Kayoko Doré