Depuis quatre jours, des nounous de la cité industrielle de la sous-préfecture de Kamsar (au nord-ouest de Cona-cris) manifestent contre les délestages intempestifs d’eau et du courant mercenaire dans les ménages.

Vêtues de T-shirts rouges et de foulards, ces nounous ont battu le pavé sur la route principale et les artères secondaires de Kamsar-centre, pour exprimer leur colère. Elles ont paralysé toutes les activités comiques du coin, bloquant le passage du train minéralier et scandant des slogans du genre: «Nous voulons le courant 24h/24».

Au début, la manif était conduite par les nounous des quartiers périphériques de la ville de Kamsar, à savoir : Amacef, Minel, Camp-Balanta et Basfonds. Celles de Kolaboui leur ont emboîté le pas.

Organisées en des commissions qui avaient des missions différentes. Certaines s’occupent de la nourriture en assurant la cuisine sur la voie publique, d’autres manifestent pour paralyser les activités dans la zone. Leur objectif reste le même ; la détermination est le leitmotiv de leur mouvement : bloquer la circulation et le passage du train minéralier.

Joint au téléphone ce 18 novembre, le correspondant de Djoma Média àBoké, Abdoulaye Kéïta, annonce que des négociations sont en cours pour trouver une issue. « Aujourd’hui, c’est une situation de paralysie totale ce matin. Le Koutigui de la Basse-Côte et les autorités locales sont en négociations à la villa 3 avril. Il y a trois groupes électrogènes en panne, et ils auraient été réparés, mais les femmes refusent que les citernes les alimentent en carburant. Parce qu’elles exigent finalement, pour être plus rassurées sur la desserte en courant électrique de Kamsar, que le courant provienne de l’usine de production de la CBG (Compagnie des Bauxites de Guinée).  Et il pourrait que la CBG refuse cette alternative et bien entendu, d’autant que ce n’est pas à la CBG de donner le courant. Donc ce matin, il y a eu assez de barricades, les femmes ne démordent pas. De Kolaboui à Kamsar, on dénombre à peu près vingt barrages. » Malgré ces barrages, les femmes ont permis aux les délégations d’entrer à Kamsar, mais les manifestantes « exigent que tant qu’elles n’auront pas le courant électrique, aucune délégation » n’en sortira.

Cette manif des nounous n’est pas une première,  pour réclamer le courant électrique. Chaque fois qu’un compromis est trouvé, trois mois après, ce sont les délestages suivis des manifestations. Les habitants ne croient plus à la fourniture de carburant et à la qualité du groupe électrogène. « Une annonce politique a été faite au niveau du courant interconnecté de Souapiti avec le projet OMVG, normalement à partir du mois de décembre, toute la ville de Boké pourrait être desservie en courant électrique 24h/24. Donc, les femmes de Kolaboui et Boké veulent également » en bénéficier, selon Abdoulaye Kéïta.

Le Kountigui de la Basse-Côte, El Hadj Sékhouna Soumah, s’est rendu chez les autorités régionales de Boké d’où relève Kamsar, pour un retour au calme.

Le maire, embarrassé

Le maire, Ansoumane Zito Coumbassa, de passage dans l’émission Mirador  de FIM FM de ce 18 novembre, quatrième jour de grève, se dit surpris par la grève.  Parce que, la jeunesse et lui-même ont pris l’engagement de surseoir à tout mouvement de grève depuis la dernière qui avait coûté la vie à un jeune d’une vingtaine d’années.

Le Coumbassa souhaite tout de même rencontrer les manifestantes, pour un retour au calme, avant de promettre qu’en début janvier 2022, Kolaboui aura l’électricité du barrage Souapiti. « Aujourd’hui, la situation est très grave à Boké. C’est de la paralysie totale à Kolaboui, je ne sais pas où mener ma tête dans cette situation. Depuis combien d’années cette crise perdure ? J’en ai vraiment marre. Le Kountigui de la Basse-Côte s’est auto désigné facilitateur de la crise avec les autorités. Hier, nous avons été tous contraints de dormir à Kamsar. Ce matin, les négociations se poursuivent à la Villa 3 avril. Ce qui s’est passé, il y a trois groupes électrogènes qui sont tombés en panne et auraient été réparés, mais les femmes refusent que les citernes de carburant alimentent ces groupes, parce qu’elles exigent maintenant, pour être plus sûres de la desserte électrique à Kamsar, que le courant soit branché au niveau de l’usine de production de la CBG…»

Le maire lance un appel aux autorités du CNRD : « Nous sollicitons l’aide des nouvelles autorités afin que le problème de Kakandé soit vite réglé. Nous, autorités, souffrons comme les communautés. Nous sommes maudits par nos communautés en longueur de journée, pour le problème de lumière. Je souhaite que le CNRD nous aide à finir avec le problème, au plus tôt », a lancé M. Coumbassa, apparemment perturbé.

En août dernier, des nounous de quelques quartiers de Kamsar avaient aussi manifesté dans la rue pour la même cause, pendant trois jours. La grogne avait paralysé toutes les activités, causant notamment l’arrêt des locomotives de la CBG. L’intervention de l’ex-gouverneur de Boké, le général de division Siba Séverin Lohalamou et celle du préfet, Hassane Sanoussy Camara, avaient permis de calmer les manifestantes, en s’engageant à trouver un groupe électrogène de plus, pour la sous-préfecture de Kamsar. Malheureusement, est intervenu le coup d’État militaire qui a renversé Alpha Grimpeur du pouvoir.

Kadiatou Diallo