Après Oury Diallo, c’est autour de Mohamed Dady Bah de faire sa déposition sur l’enlèvement et l’assassinat de l’opérateur économique El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura au TPI de Dixinn. Dady Bah, «agent publicitaire», a lui aussi plaidé non coupable des infractions qui lui sont reprochées, notamment celle d’abstention délictueuse. Il aurait travaillé pour El Hadj Mamadou Diallo pendant trois années avant de se tourner vers une société chinoise de pêche. Il aurait refusé de dénoncer ses «amis El Hadj Mamadou Diallo et Sidy Mohamed Diallo.»
Tout a basculé pour lui dans la nuit du 17 décembre 2017. Dady est interpellé par la Brigade de recherche de Kipé. Selon lui, c’est un informateur de cette Brigade qui aurait dit aux agents qu’il est très ami à El Hadj Mamadou, que son arrestation pourrait aider à retrouver El Hadj Mamadou. Il fera ensuite 45 jours au PM3 de Matam avant d’être incarcéré à la Maison centrale de Conakry. Il jure ne rien connaître dans cette affaire : «Ils m’ont demandé où se trouvait El Hadj Mamadou, je ne connaissais pas. Je ne savais même pas que j’étais arrêté à cause d’un kidnapping. Moi je ne connais rien de cette affaire. El Hadj Mamadou ne peut même pas me parler de telles choses parce qu’il connaît ma moralité, à plus forte raison m’associer à un kidnapping. On m’a arrêté juste à cause de ma relation avec El Hadj Mamadou Diallo. Je ne pouvais même pas croire qu’il pouvait se livrer à une telle chose. Moi, il m’a dit qu’il venait de l’Europe, je pensais qu’il avait le nécessaire.»
Dady Bah explique avoir vu pour la première fois «la photo d’El Hadj Doura » le jour de son « arrestation. J’étais d’accord avec Abdoul Malick Koné, ancien directeur de la DPJ. Il m’a montré la photo d’un vieux, il m’a dit que c’est l’opérateur économique El Hadj Doura qui a été enlevé. Il m’a demandé de lui fournir toutes les informations que je pourrais avoir autour de cette affaire. Il m’a dit qu’il a appris que j’ai grandi avec Sidy Mohamed Diallo. J’ai dit que je ne l’ai jamais connu. Quand on m’a arrêté, il est allé demander de me mettre à sa disposition, ils ont refusé.»
« Quand vous étiez à la gendarmerie, les agents ont utilisé votre téléphone, ils se sont fait passer pour vous et ont obtenu beaucoup d’informations », explique l’avocat de la partie civile. «Ils ne pouvaient avoir aucune information avec mes téléphones, parce que je ne connaissais absolument rien dans cette affaire.»
L’affaire est renvoyée au 15 novembre, pour la suite des débats.
Yacine Diallo