La hache de guerre est-elle enterrée par le Président de la Transition Mamadi Doumbouya et son Premier ministre, Mohamed Béavogui ? L’on veut bien y croire, après les avoir vus côte à côte lundi 20 décembre, à l’occasion du lancement de la campagne de vaccination accélérée contre le Covid-19. La cérémonie s’est déroulée à Coyah, préfecture située à 50 km à l’est de Conakry. Devant le ministre de la Santé, Dr Mamadou Péthé Bah et la Première dame, Lauriane Darboux Doumbouya. Les images de la rencontre montrent deux hommes qui se parlent et s’écoutent.

Les images que certains qualifient de mise en scène sur les réseaux sociaux pour rassurer l’opinion interviennent dans un contexte de malentendu entre les deux hommes. Une brouille au sommet de l’Etat que l’on vit depuis le communiqué du CNRD qui a désavoué Mohamed Béavogui, après le sommet d’Abuja du 12 décembre la veille duquel le Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères ont rassuré les chefs d’Etat de la sous-région quant à la mise en place du CNT (Conseil National de la Transition) avant la fin décembre. Sauf que dans son communiqué lu à la RTG par le Colonel Aminata Diallo juste après, « le CNRD, organe central de la transition », s’est dit incapable d’en faire un cadeau de Noël aux Guinéens et aux partenaires qui tendent les oreilles depuis le début de la Transition.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le décret du 16 décembre qui a « rebaptisé » l’aéroport de Conakry Gbessia en aéroport Ahmed Sékou Touré. Mohamed Béavogui ne s’est pas empêché de confier ses sentiments. « Je suis surpris, mécontent et dépassé », avait-il réagi, après avoir appris la nouvelle. Une affirmation qui a levé un coin du voile sur le malaise qui couve au sommet de l’Etat. Et depuis, chacun est allé de son commentaire. Des rumeurs sur une éventuelle démission de Mohamed Béavogui ou un décret du Colonel qui limoge le PM ont même envahi les rues de Conakry.

C’est tant mieux si on voit aujourd’hui les deux hommes qui semblent tisser du même coton. Certains avaient déjà commencé à prédire le sort de la transition si cette brouille persistait et conduisait à un divorce total entre le Président du CNRD et le Premier ministre. Au-delà de la nomination d’un nouveau PM et un remaniement pour remplacer les ministres proches de Mohamed Béavogui, la conséquence de la démission du PM aurait été la méfiance du peuple et de la communauté internationale. «Tous ceux qui lui sont favorables en Guinée et à l’étranger auraient revu leurs positions vis-à-vis de la junte», a averti un cadre.

Un observateur qui a requis l’anonymat conseille de mettre la balle à terre et d’élever le débat sur cette question. Pour lui, il n’y a pas de feu et que c’est normal que le PM attire l’attention du président sur la façon dont ils doivent collaborer. «Les Guinéens doivent s’habituer à voir des gens qui disent ce qui leur fait mal quand il le faut. Ça nous permet d’affronter et traiter les problèmes avant qu’ils arrivent à un autre niveau», a-t-il estimé.

A la question de savoir s’il y a eu des négociations pour rapprocher les positions, notre source dit ne pas être au courant. « J’avais rendez-vous avec le Premier ministre, je suis allé chez lui samedi, sans pouvoir le voir. Il y avait beaucoup du monde, des ministres venaient et partaient les uns après les autres. Vers midi, j’ai décidé de partir ».

Concernant l’absence du Premier ministre à la rencontre du vendredi 17 décembre à laquelle le Président de la Transition a convié les ambassadeurs des pays de la CEDEAO autour d’un banquet. Seul le ministre des Affaires étrangères, quelques ministres étaient présents. « Le ministre des Affaires étrangères étaient le plus concerné, c’est pourquoi lui il était présent », croit savoir notre interlocuteur qui a requis l’anonymat.

Th Hassane Diallo