Le Président de la transition a opéré fin décembre dernier, un grand chambardement au sein de l’appareil judiciaire du bled. Entre mise à la retraite et mutation, le colonel Mamadi Doum-bouillant a placé ses hommes un peu partout. A la Basse-cour suprême, la passation de sévices entre le prési sortant et celui entrant s’est déroulée ce 7 janvier.

Les locaux de la Basse-cour suprême dans le quartier Kameroun refoulaient du monde dans la matinée de ce vendredi. Après 23 ans de sévices à la tête de cette juridiction, l’inamovible Mamadou Sylla « SYMA », appelé à faire valoir son droit à la retraite, a passé le témoin à Fodé Bangoura. La cérémonie a été présidée par le Premier des ministres, Mohamed Béat, accompagné de son ministre de la Justice, du Procureur général près la Cour d’Appel, de l’Agent judiciaire de l’Etat, du Prési de la HAC, du Gouv de la ville de Cona-cris. Excusez du peu ! Le personnel du mystère de la Justice, de la Basse-cour suprême ne s’est pas fait conter l’événement.

Mamadou Sylla, désormais ex-premier président de la Basse-cour, dit quitter ses fonctions avec fierté : «C’est avec une immense fierté et d’innombrables merveilleux souvenirs que je quitte cette Cour, que j’ai servie pendant 23 ans, dans différentes hautes fonctions, à l’occasion de l’exercice desquelles, j’ai une infinie gratitude pour tous les magistrats, greffiers et tous les personnels de tous les niveaux». Pour le reste, il s’est contenté de rappeler les tâches dévolues à la Basse-cour dont Fodé Bangoura, son successeur et ses hommes sont chargés d’exécuter : « Le rôle de la Cour suprême est de contrôler la bonne application du droit par les juges du fond, c’est-à-dire de vérifier s’il y a eu violation de la loi et de la censure. Ce rôle lui confère la mission de veiller au respect de la loi, en cassant les décisions en dernier ressort qui la violent et de faire régner l’unité d’interprétation du droit».

Mamadou Sylla rappelle à son successeur les échéances  qui l’attendent, notamment à cause du fait que les prérogatives de la Cour constitutionnelle sont transférées à la Basse-cour suprême pendant la transition : «Elle se prononce sur le caractère réglementaire des dispositions de forme législative, sur la constitutionalité des lois organiques, la recevabilité des dispositions de lois et amendements d’origine parlementaire, les conflits de compétence entre les pouvoirs exécutif et législatif…Elle reçoit les candidatures à la Présidence de la République, arrête la liste des candidats, veille à la régularité de la campagne et du scrutin, statue sur les contestations et proclame les résultats». Avant de passer la main, SYMA a émis le souhait de voir le nouveau président finaliser le règlement intérieur et la loi organique régissant la Basse-cour.

Fodé Bangoura lui, s’est engagé à donner du sens, à travers la Basse-cour suprême, à faire de la justice guinée-haine la boussole : «Nous allons nous atteler dans l’esprit de continuité d’Etat et de mutabilité selon l’évolution des lois de notre République démocratique laïque et unitaire. Une juridiction comme la Cour Suprême a des traditions qu’elle doit perpétuer. Je m’y engage solennellement avec la détermination de donner un véritable sens à l’idée chère à monsieur le Président de la République que la Justice demeure la boussole des mutations sociales et économiques dont la réussite de la transition. Je compte sur le Procureur général, les avocats généraux (…) afin que la Cour Suprême réalise avec brio ses missions).»

Le PM, Mohamed Béat n’a pas pipé mot, il s’est engouffré dare-dare dans son teuf-teuf, pour s’éclipser.

Yacine Diallo