Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’attaque de la radio privée Capital FM par des hommes armés encagoulés ayant fait plusieurs blessés lundi 7 février et appelle les autorités à identifier au plus vite les auteurs.

Maimuna Bari est toujours dans un état grave à l’hôpital militaire de Bissau, la capitale de la Guinée Bissau, après avoir été blessée à la colonne vertébrale et aux côtes. La journaliste de Capital FM, une radio privée proche de l’opposition, fait partie des sept personnes blessées, dont trois journalistes et plusieurs techniciens et membres du personnel, après l’attaque qui s’est déroulée lundi 7 février vers 11h dans les locaux de la station. Des hommes en uniforme militaire, encagoulés et armés de kalachnikov, ont ouvert le feu et saccagé les locaux de la radio, détruisant tout le matériel qui s’y trouvait. Deux autres journalistes ont été touchés. Il s’agit d’Ansumane So, qui a un bras cassé et de Bala Sambu, qui souffre d’une blessure au pied.

Cette attaque survient six jours après la tentative de coup d’Etat du 1er février ayant fait 11 morts dans le pays. Alors que toutes les émissions de radio ont continué de fonctionner après l’événement, Capital FM, connue pour être très critique du pouvoir et proche de l’opposition, a fermé durant six jours par mesure de sécurité. Contacté par RSF, le directeur exécutif de Capital FMLassana Cassamá, a indiqué que les programmes venaient de reprendre lorsque l’attaque a eu lieu.

Lors d’une conférence de presse organisée plusieurs heures après l’attaque, le commissaire adjoint à l’ordre public du ministère, Salvador Soares, a qualifié l’événement d’ »incident isolé », assurant que «les assaillants n’ont endommagé que le matériel de diffusion » et qu’il «n’y avait aucune raison de s’alarmer».

«Nous condamnons cette attaque d’une rare violence et déplorons les conclusions pour le moins hâtives de la police qui semblent très éloignées du déroulé des événements, déclare Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique de l’Ouest à RSF. Plusieurs membres de la radio dont des journalistes ont été visés et ce moins d’une semaine après une tentative de coup d’Etat par des hommes en tenue militaire. Nous demandons aux autorités de prendre au sérieux la gravité des faits qui se sont déroulés, et qui semblent loin de constituer un ‘incident isolé’. Les auteurs doivent être identifiés et arrêtés.»

La radio, très écoutée en Guinée Bissau et réputée proche du principal parti d’opposition, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), fait régulièrement l’objet de menaces. Le 26 juillet 2020, des individus armés avaient déjà fait irruption dans ses locaux et avaient détruit une grande partie des équipements. Malgré l’ouverture d’une enquête, les coupables n’ont jamais été identifiés.

La Guinée Bissau figure à la 95e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.

Reporters Sans Frontières