Reporters sans frontières (RSF) est particulièrement préoccupée par l’attaque qui a visé la maison d’un journaliste de Capital FM, dans la soirée du mardi 8 février. Un événement qui survient 24 heures seulement après celle perpétrée contre son média. RSF appelle les autorités à réagir immédiatement et à protéger tous les journalistes de cette radio.
Des impacts de balles sont désormais visibles sur la façade de la maison du journaliste Rui Landim. Mardi 8 février au soir, des individus armés de kalachnikovs ont tiré à plusieurs reprises sur la façade et la porte de la maison du journaliste politique de l’émission d’actualité « Pontos Nos I’s » (Points sur les I) diffusée sur Capital FM, une radio proche de l’opposition. Selon les informations obtenues par RSF, les assaillants ne sont pas entrés dans la maison mais l’attaque a été particulièrement violente et des balles ont touché un mur situé près de la chambre de son petit-fils.
Contacté par RSF, le directeur exécutif de Capital FM, Lassana Cassamá, a rapporté qu’une voiture conduite par des assaillants armés s’était également arrêtée de longues minutes devant la résidence d’un second journaliste politique de la radio, Luiz Vaz Martins, le même soir mais sans ouvrir le feu.
La veille, lundi 7 février, des hommes armés de kalachnikovs et encagoulés avaient déjà attaqué les locaux de Capital FM, faisant sept blessés et saccageant tout le matériel. La journaliste Maimuna Bari est toujours hospitalisée à l’hôpital militaire de Bissau après avoir été touchée à la colonne vertébrale et aux côtes.
Interrogé au cours d’une conférence de presse le 9 février, le Président de la République de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a affirmé au correspondant de RSF sur place que le «ministère de l’Intérieur avait la charge d’assurer la sécurité des professionnels de la presse», et qu’une enquête était en cours «pour identifier les responsables et les traduire devant la justice».
«Cette série d’attaques à l’encontre de Capital FM et de ses journalistes est très alarmante, déplore le directeur du bureau Afrique de l’Ouest à RSF, Sadibou Marong. Une semaine après la tentative de coup d’État, l’organisation tient les autorités pour responsables du sort de ces journalistes. La thèse de “l’incident isolé” avancée par la police ne tient pas. Il est indispensable que les autorités réagissent au plus vite et protègent ces journalistes, qui sont, sans aucun doute, directement ciblés. »
Le commissaire adjoint à l’ordre public du ministère, Salvador Soares, avait qualifié l’attaque ayant visé Capital FM d’ »incident isolé« , affirmant que «les assaillants n’ont endommagé que le matériel de diffusion» et qu’il «n’y avait aucune raison de s’alarmer».
Le 26 juillet 2020, des individus armés avaient déjà attaqué Capital FM et détruit une grande partie de ses équipements. Ils n’ont jamais été identifiés. Les journalistes de cette radio, très écoutée en Guinée Bissau et réputée proche du principal parti d’opposition, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), font régulièrement l’objet de menaces.
La Guinée Bissau figure à la 95e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.
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