Reporters sans frontières (RSF) condamne les menaces de mort contre un journaliste et l’agression d’un autre par un membre de la sécurité du Premier ministre. L’organisation demande aux autorités du Burkina Faso d’ouvrir une enquête et de faire cesser les violations de la liberté de la presse.
C’est une affaire que les autorités du Burkina Faso doivent prendre au sérieux. Le journaliste Besséri Ouattara, correspondant du quotidien L’Express du Faso dans la ville de Banfora, au sud-ouest du pays, a reçu, le 24 mai, des menaces de mort de la part de Brahima Traoré, dit AECO, un responsable sportif local. Lui reprochant d’avoir relayé une information concernant le refus des joueurs de l’Union sportive de la Comoé (USCO) de prendre part à la demi-finale de la coupe nationale en raison d’arriérés de salaire et de primes impayées, il lui a aussi intimé l’ordre de quitter la ville dans les trois jours.
Ces menaces interviennent moins d’une semaine après l’agression de Luc Pagbelguem, journaliste reporter d’images à la télévision BF1. Le 19 mai, alors qu’il couvrait, avec plusieurs de ses confrères, une cérémonie publique présidée par le Premier ministre Albert Ouédraogo dans la capitale Ouagadougou, un membre de la sécurité l’a interrompu dans son travail et l’a tiré violemment, le faisant descendre de l’estrade d’où il filmait l’événement. L’agent de sécurité, qui a failli faire tomber la caméra et le matériel du reporter, ne lui a donné aucune explication sur son geste brutal.
«Ces menaces de mort et cette agression sont les derniers exemples des attaques de plus en plus courantes contre les journalistes au Burkina Faso. Elles viennent s’ajouter à une liste déjà longue de violations de la liberté de la presse, déclare Sadibou Marong, directeur du Bureau Afrique de l’Ouest à RSF. Les autorités doivent urgemment réagir et mettre fin à cette série de violations. Une enquête impartiale doit être ouverte, afin de sanctionner les auteurs et protéger les journalistes dans l’exercice de leur métier. »
Dans un communiqué rendu public le 26 mai, treize organisations et associations de défense des médias ont condamné ces actes et fustigé «le silence toujours plus assourdissant des hiérarchies et des autorités face aux cas d’agressions de journalistes ».
Les relations entre les forces de sécurité et la presse se sont dégradées depuis la mutinerie ayant conduit au coup d’État du 24 janvier 2022. Au cours de celle-ci, un journaliste avait été blessé et deux autres brièvement détenus. Le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait pourtant, lors d’une rencontre avec les patrons de presse le 19 février 2022, déclaré que la junte avait à cœur de garantir la liberté de presse.
Pour Idrissa Birba, président de l’organisation «Nouveaux Droits de l’homme (NDH-Burkina) », « Ce contexte de régime ni purement militaire ni démocratique semble l’occasion pour certains de régler leurs comptes aux journalistes. »
Au début du mois de mai, la correspondante de TV5MONDE au Burkina-Faso, Fanny Noaro-Kabré a été expulsée d’une rencontre publique à la Maison du Peuple de Ouagadougou qu’elle couvrait, par le polémiste Sémi Kéba. Une expulsion qui a été condamnée par la ministre de la Communication et les organisations de presse.
Reporters Sans Frontières