Le mercredi 11 mai dernier, l’UFDG et le RPG qui occupent l’essentiel du landerneau politique du pays se sont rabibochés, comme en 2010 pour constituer le socle des forces vives qui ont donné  du fil à retordre au Capitaine Dadis et provoqué ses moult bavures et déconvenues dont on se souvient encore. Le Sid et l’UFR ne sont pas encore là. La mort aura privé ces nouvelles forces vives de l’apport inestimable du tonitruant mais efficace aîné Jean-Marie Doré. En 2010, les forces vives qui émergent des entrailles populaires ex nihilo, sont parvenues à tempérer l’impétuosité des jeunes officiers et cadrer la Transition.

L’UFDG et le RPG qui n’ont eu sans cesse, durant les 11 ans de l’Alphagouvernance, des bisbilles  se sont remémorés la petite histoire de la transition de 2010 et en ont tiré les enseignements. Ils  se sont aussi souvenus du mythe de la jarre des rois dahoméens d’Abomey: «l’union fait la force». On a parfois une admiration puérile pour les hommes politiques à propos de leur capacité à vaincre  leurs pulsions, à contenir et à transcender leur adversité  pour préserver leurs intérêts. UFDG et RPG faisant chorus, qui l’eût cru? Mais d’où vient donc l’ire contre le CNRD qui sous-tend le rabibochage des deux formations? 

C’est presqu’un remake de 2010, car c’est le chronogramme de la transition et ses implications qui posent problème. Le délai de 03 ans de la transition est, selon elles, disproportionné au regard des tâches requises. Voilà le premier point d’achoppement. Le CNT a-t-il la légitimité et la légalité pour entériner et adopter le chronogramme? Non, répondent en chœur ces formations à l’ire desquelles s’associe celle de bien d’autres acteurs politiques et sociaux. L’article 77 de la charte de la transition cogitée par l’entourage même du Colonel Doum bouillant, précise que le chronogramme doit être défini à la fois par le CNRD et les forces vives de la nation. Il n’est fait nulle part allusion au CNT. A ces Toto, les CNTêtards demandent d’aller se faire cuire un œuf, car venus de tous les horizons socioprofessionnels, ils méritent bien de représenter les forces vives. Cette opération d’hommes protées ne convainc pas les politicards pour lesquels il s’agit ni plus ni moins d’une usurpation de statut et de charge doublée d’une violation de l’article 77 de la charte. C’est le second point de la divergence.

Si le CNT a revêtu le boubou de forces vives, c’est parce que ce concept informel n’a pas de définition juridique consacrée. Chaque   partie l’interprète à l’aune de ses intérêts. Ce n’est pas être un oiseau de mauvais augure que de dire que le choc entre le CNRD  et les principales formations politiques devient une certitude. C’est certainement pour prévenir cela que la junte et ses alliés ont interdit toutes manifestations politiques  jusqu’aux prochaines campagnes électorales, à la fin de la Transition. Une période d’hibernation de 03 ans pour les partis politiques. C’est scélérat! Mais quelle digue résistera au tsunami UFDG-RPG lorsqu’il se soulèvera ? Le fusil, peut-être. Non, les manips !

 Abraham Kayoko Doré