Les vendeurs de médicaments au marché de Madina de Conakry ont décidé de fermer leurs magasins, du jeudi 12 mai jusqu’à la semaine prochaine, pour protester contre ce qu’ils appellent «tracasseries des agents de Forces de l’ordre ».

C’est en fait un ras-le-bol que ces commerçants sont en train d’exprimer, puisque depuis toujours, il y a une croisade contre les vendeurs de médicaments qu’on qualifie de «faux médicaments». Selon un commerçant, plus de 130 conteneurs de médicaments seraient bloqués au PAC, au Port autonome de Conakry.

«Nous souffrons énormément de l’arnaque des policiers et gendarmes. Ils poursuivent les gens qui achètent les médicaments avec nous, pour saisir leurs marchandises en vue de leur soutirer de l’argent. Par exemple, un client qui vient acheter un coli de 500 mille ou 1 million, ils lui demandent de payer entre 3 millions et 5 millions de francs guinéens, avant de libérer sa marchandise. Des gendarmes entrent dans le marché de Madina, pour saisir les médicaments. Quant aux policiers, ils attendent à la sortie de Conakry, pour saisir nos marchandises. Ils nous font payer beaucoup d’argent. Nous nous sommes rendu compte que c’est un petit groupe qui agit au nom de la hiérarchie, pour se faire de l’argent. C’est pourquoi nous avons décidé de protester, parce que nous payons les taxes et les impôts. Nous subissons l’injustice. Nous sommes aussi des guinéens», s’est insurgé un certain Mamadou Saliou.

Ce qui a fait déborder le vase, c’est l’arraisonnement de deux camions transportant des médicaments à l’intérieur du pays, la semaine passée. Pourtant, selon ce vendeur, tout le monde s’approvisionne en médicaments à partir de Madina, y compris les pharmaciens des officines privées à  travers le pays. Selon lui, si les camions ne transportent pas de médicaments à l’intérieur du pays, il y aura pénurie dans les localités. Ce vendeur demande à l’Etat de règlementer le secteur et laisser ceux qui sont dans le licite vendre tranquillement leurs produits. « Ce n’est pas tout le monde qui vend les faux médicaments, le gouvernement doit faire un discernement», insiste ce commerçant qui a requis l’anonymat.  

Rappelons que depuis très longtemps, l’Ordre des pharmaciens de Guinée a engagé une lutte farouche contre les vendeurs de médicaments au marché Madina qui, souvent, les ravi la vedette dans la vente des médicaments. Pourtant, l’Etat laisse plus d’une centaine de sociétés importer les médicaments en Guinée. Le gouvernement de l’ex Président Alpha Condé avait promis de réduire à trois, les sociétés importatrices de médicaments en Guinée. Officiellement, le ministère de notre Santé malade avait pu réduire la pléthore de sociétés à 10, indique Manizé Kolié, prési de l’Ordre des pharmaciens de Guinée. Il estime que les vendeurs de médicaments dans les boutiques font de la contrebande.

Sous l’œil complice donc du ministère de la Santé, susurre un aigri.

Ibn Adama