Selon les réseaux sociaux, très fébriles en ce moment de trantision et de pénuries de toutes sortes, un préfet armé de ciseaux s’est introduit  dans une salle d’examens pour couper les tifs d’un jeune homme qui n’en demandait pas tant. Oui, oui, je dis bien trantision car c’est ainsi que Dadis Camara prononçait le mot, probablement parce que dans notre inénarrable pays, la transition revient si souvent et dure si longtemps qu’elle en devient imprononçable…

Avant d’aller plus loin dans la rédaction de cette chronique, je voudrais poser une question à notre ministre de l’Education Nationale, une question de citoyen lambda mais une question d’intérêt public : qu’est-ce qu’un préfet a à faire dans une salle d’examens ? Dans la foulée, j’aurais aussi pu demander : Qu’est-ce qu’un chef d’état-major a à faire dans l’expulsion d’un homme (fût-il ministre ou plébéien !) censé occuper illégalement un logement ? Un planton ou peut-être un videur n’aurait-il pas suffi ? Mais bon, comme le disait mon ami Tolno, « dis-moi qui tu nommes, je te dirai qui tu es ».

Et puis, comme nous sommes dans un pays où il faut être fou pour rêver à quoi que ce soit de normal, je préfère revenir sur terre et prendre les choses telles qu’elles sont. Et ici, prendre les choses telles qu’elles sont, cela veut dire s’accommoder des  dirigeants abracadabrants que le sort nous a infligés  et faire nôtres, les  méthodes moyenâgeuses qui sont les leurs. Je voudrais dans cette logique hyperréaliste-là, faire une suggestion : puisque de tout temps, ce sont des tortionnaires qui se sont succédé à la tête de notre pays, pourquoi, ne donnerait-on pas un instrument de torture à chaque haut fonctionnaire nouvellement promu ?

Voici le magnifique tableau que cela donnerait :

-une tondeuse à lames incandescentes pour les préfets (particulièrement brûlantes pour celui de Siguiri !) 

-une matraque à impulsion électrique pour le ministre de l’Energie

-une chaise d’immobilisation pour le ministre des Transports

-un séparateur de genoux pour le ministre des Sports

-un écraseur de tête pour le ministre de l’instruction publique

-des cisailles crocodiles pour le ministre de la protection de la Nature.

-la manivelle intestinale pour le ministre de la Santé

-un  nettoyant dentaire au vitriol pour le chef de cabinet

-l’âne espagnol pour le ministre de l’Elevage

-le briseur de crânes pour le ministre de la Culture

-le simulacre de noyade pour le ministre de la Mer

-la poire d’angoisse pour le ministre de l’Agriculture

-la cage en fer pour le ministre des Mines

-la goutte chinoise pour le ministre des Affaires Etrangères

-l’arracheur de langue pour le porte-parole du gouvernement

Et enfin, une splendide machine à gifler pour le ministre du Supplice, pardon, de la Sécurité.

Tierno Monénembo