Un tribunal de Banjul a condamné à mort mercredi cinq ex-responsables des renseignements gambiens pour le meurtre en avril 2016 d’un opposant sous la dictature de l’ex-président Yahya Jammeh.

Ebrima Solo Sandeng, figure du United Democratic Party (UDP), était mort en détention deux jours après avoir été arrêté pendant une manifestation contre Jammeh, qui dirigeait la Gambie depuis 1994.

Les tortures et le meurtre de ce militant avaient galvanisé l’opposition, jusque-là faible et divisée, et précipité la chute du dictateur.

La juge de la Haute cour de justice de Banjul Kumba Sillah-Camara a prononcé la peine de mort contre l’ancien chef de la National Intelligence Agency (NIA), Yankuba Badjie, l’ancien chef des opérations Sheikh Omar Jeng et trois autres ex-employés de ce service de renseignement, Babacarr Sallah, Lamin Darboe et Tamba Mansary.

Deux autres accusés ont été acquittés. L’ancien directeur adjoint de la NIA, Louie Richard Leese Gomez, également poursuivi dans cette affaire, est décédé depuis. Un neuvième accusé, Yusupha Jammeh, avait été acquitté antérieurement.

« La justice est en train de rattraper les acolytes de Yahya Jammeh en Gambie et à travers le monde. Nous espérons qu’elle rattrapera bientôt Yahya Jammeh lui-même », a s’est félicité Reed Brody, un avocat de la Commission internationale de juristes qui travaille avec les victimes de M. Jammeh.

Ce procès, qui avait démarré en 2017, était le seul en cours en Gambie pour les crimes commis sous la dictature de Jamme. En juillet 2021, un ex-responsable du régime, Yankuba Touray, avait déjà été condamné à mort pour le meurtre en 1995 du ministre des Finances Koro Ceesay. Il a fait appel.

Un autre collaborateur de M. Jammeh, Bai Lowe, est jugé depuis avril en Allemagne pour crimes contre l’humanité, meurtre et tentative de meurtre.

Ousman Sonko, ancien ministre de l’Intérieur, fait pour sa part l’objet d’une enquête en Suisse depuis 2017 pour crimes contre l’humanité. Un autre collaborateur de M. Jammeh, Michael Sang Correa, a lui été inculpé en 2020 aux Etats-Unis. Son procès pourrait débuter en 2023.

Le 25 mai, le gouvernement a accepté de suivre la quasi-totalité des recommandations formulées dans le rapport final de la Commission internationale de juristes, et notamment de poursuivre 70 personnes, parmi lesquelles M. Jammeh.

L’ancien autocrate vit en exil en Guinée équatoriale, pays avec qui la Gambie n’a aucun accord d’extradition.

La présidence de M. Jammeh a pris fin avec sa défaite surprise à la présidentielle de décembre 2016 et son exil forcé en janvier 2017, sous la pression d’une intervention militaire ouest-africaine. 

AFP