Homme de lettres français, Aimé Césaire est l’inventeur de la Négritude, un concept prônant l’identité noire et sa culture. Également engagé en politique, il est l’auteur d’un «Discours sur le colonialisme ». Le poète naît le 26 juin 1913 à Basse-Pointe en Martinique d’un père fonctionnaire et d’une mère couturière. Très vite, le jeune garçon se révèle être un élève brillant. Il fréquente les écoles martiniquaises jusqu’au lycée. En 1931, il arrive à Paris et entre en classe d’hypokhâgne en tant que boursier du gouvernement français. Durant ses études dans la capitale, il fait la rencontre de Léopold Sédar Senghor qui le prend sous son aile. Au contact des autres étudiants noirs, Aimé Césaire prend conscience de la gravité des colonisations et la part refoulée de ses origines africaines. En 1934, il décide de fonder un journal, L’Étudiant noir. Aidé de quelques amis étudiants, il crée aussi le concept de « négritude » visant à promouvoir la culture africaine victime du racisme engendré par le colonialisme.

Après avoir obtenu son concours d’entrée en École Normale Supérieure en 1935, Aimé Césaire commence à écrire Cahier d’un retour au pays natal, véritable chef-d’œuvre inspiré de la poésie surréaliste. Deux ans plus tard, il rencontre sa future femme, Suzanne Roussi, et rentre avec elle en 1939 en Martinique, où ils deviennent enseignants. Mais la Seconde Guerre mondiale ne tarde pas à frapper et n’épargne pas la Martinique qui vit sous un régime répressif et prompt à la censure. Le statut d’enseignant d’Aimé Césaire lui permet toutefois de partager sa pensée et son savoir à des étudiants avides d’affiner leurs opinions. Son influence est telle qu’il sera élu maire de Fort-de-France, puis député. En 1946, il fait d’ailleurs voter la loi transformant la Martinique en DOM-TOM et obtient la départementalisation de la Martinique. Les décennies passées en politique n’ont jamais contrarié l’investissement d’Aimé Césaire dans les lettres. Il publie 14 œuvres traduites à travers le monde et étudiées dans les écoles. Il reste député jusqu’en 1993 et à sa mort, le 17 avril 2008, de nombreux hommages lui sont rendus.

En 1935, Aimé Césaire passe les vacances d’été chez son ami Petar Guberina en Croatie. Ce voyage qui lui rappelle sa Martinique natale lui inspire alors son premier poème intitulé Cahier d’un retour au pays natal qui sera publié en 1939. Deux ans après son retour sur l’île, il fonde la revue Tropiques dans laquelle il publie plusieurs de ses poèmes. La plupart d’entre eux sont ensuite repris dans son recueil Les Armes miraculeuses publié en 1946. Marqué par l’influence d’André Breton que Césaire rencontre en 1941, le poète s’inscrit dans une veine surréaliste. Par la suite, il publie les poèmes Soleil cou coupé (1947) et Corps perdu (1950) qui défendent le concept de négritude. A partir de 1956, Aimé Césaire se tourne vers le théâtre poétique avec sa pièce Et les chiens se taisaient (1956), suivie d’Une saison au Congo (1966), puis d’Une tempête (1969). Celles-ci ont toutes pour point commun le sujet de la lutte pour la décolonisation. Ces thèmes de la décolonisation et de la négritude qui constituent le combat de la vie d’Aimé Césaire sont également au cœur de plusieurs de ses essais en témoigne son célèbre Discours sur le colonialisme, en 1950 et son Discours sur la négritude en 1987.

Lors de son retour en Martinique en 1939, Aimé Césaire publie son œuvre poétique intitulée Cahier d’un retour au pays natal. Cet ouvrage se décline en un long texte d’environ 40 pages dans lesquelles l’auteur évoque son retour sur les terres de son enfance. Influencée par le courant surréaliste, son écriture entremêle expressions de révolte et métaphores. L’œuvre illustre en effet la prise de conscience par l’auteur de la condition inégalitaire des noirs dans la société. Texte fondateur de la négritude, Cahier d’un retour au pays natal reflète la révolte d’Aimé Césaire face au mépris et à l’oppression culturelle du système colonialiste français à l’égard des sociétés coloniales martiniquaises et guyanaises. Humaniste actif et concret, Aimé Césaire fait ici une dénonciation forte du racisme et du colonialisme.

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début de la carrière politique d’Aimé Césaire. En 1945, et alors que la Martinique est très fragilisée, il devient maire de Fort-de-France. La même année, il adhère au Parti communiste français duquel il démissionnera en 1956. Bien qu’Aimé Césaire soit déjà partisan de l’anticolonialisme depuis des années, ses positions deviennent beaucoup plus fortes au contact de la réalité politique. En 1950, il décide de coucher ses idées sur le papier, ainsi, Discours sur le colonialisme se révèle être une véritable critique de l’idéologie colonialiste européenne, l’ouvrage dénonce les violences, l’exploitation des peuples et le pillage des ressources perpétrés dans les colonies. Aimé Césaire n’hésite pas à comparer le colonialisme au nazisme, et met en exergue la haine raciale présente dans les colonies. Mais à travers cet acte d’accusation comme de libération des peuples opprimés, il prône avant tout, la dignité et l’égalité entre tous les hommes.