Ce jeudi 8 septembre 2022, la reine Elizabeth II est décédée à l’âge de 96 ans. C’est son fils Charles qui devient le roi d’Angleterre. C’était le plus long règne de la monarchie britannique. La reine Elizabeth II, qui a célébré le 6 février 2022 les 70 ans de son installation sur le trône, est décédée ce jeudi à l’âge de 96 ans, a annoncé Buckingham Palace.
À 96 ans, la reine Elizabeth II vient de disparaître. Un jour funeste que les Britanniques redoutaient, jusqu’au déni parfois, depuis des années. La souveraine la plus célèbre du monde referme le règne le plus long de l’histoire d’Angleterre. 70 ans de devoir, de tournées diplomatiques, de revues militaires et d’apparat ! Plus que sa trisaïeule, la reine Victoria, et pas si loin du record absolu détenu par notre Louis XIV national (72 ans). Une longévité à faire pâlir d’envie les chefs d’État de n’importe quelle démocratie sur la planète.
Pour la vaillante nonagénaire, connue pour ses tenues aux couleurs vives et ses chapeaux sophistiqués, qui avait juré en 1947 de servir la « grande famille du Commonwealth », il n’a jamais été question d’abdiquer avant l’heure. « Toute ma vie, qu’elle soit longue ou courte », avait alors promis la princesse héritière de 21 ans, en visite officielle en Afrique du Sud, avec son père George V. Même la disparition de son époux adoré, le Prince Philip, duc d’Edimbourg, en avril 2021, n’avait pas entamé son sens du devoir.
Sur la robe de soie blanche que « Lilibeth » portait six ans plus tard, lors de son couronnement en 1953, la jeune reine avait fait broder l’emblème de toutes « ses » nations. La rose anglaise, le trèfle d’Irlande, le chardon d’Écosse et le poireau gallois. Mais aussi la feuille d’érable du Canada, le mimosa d’Australie ou les deux fleurs de lotus pour l’Inde et Ceylan…
Au gré de la décolonisation et des révolutions dans les anciens « dominions » de l’empire britannique (qui constituent l’essentiel des 54 Etats du Commonwealth), Elizabeth II fut au total la cheffe d’État de 32 pays.Le Royaume-Uni et 14 monarchies constitutionnelles – de l’Australie à la Nouvelle-Zélande au Canada en passant par la Jamaïque – ont perdu leur tête couronnée. Plus de 140 millions de sujets, leur reine. Et pour des milliards de Terriens, c’est un point fixe qui s’en va dans un monde sens dessus dessous.
Elle a connu tous les géants de ce monde
Elizabeth II a enjambé l’histoire du XXe siècle et côtoyé la plupart des géants politiques du monde jusqu’à son dernier bal : Churchill, son mentor, Nehru, le premier Premier ministre de l’Inde, JFK, Jean-Paul II, Gorbatchev ou, plus près de nous, Donald Trump et Emmanuel Macron… Tenir le compte de tous les Premiers ministres britanniques (14) qu’elle a connus, des présidents des États-Unis (14), des présidents russes (11) ou français (10), etc. donne quelque peu le tournis.
Un tournis que cette femme rangée et fidèle aux traditions, a souvent elle-même ressenti. Pensez donc ! En trois quarts de siècle, l’Homme a marché sur la Lune, le rideau de fer est tombé, les femmes ont pu voter, Internet est né, le World Trade Center a été attaqué, le climat s’est réchauffé… Les mœurs aussi ont évolué, y compris chez les Windsor qui traînent leur lot de divorces et de scandales retentissants. La reine incarnait un conservatisme, une constance et une foi inébranlables (elle était aussi cheffe de l’Église anglicane). Serait-ce l’une des raisons pour lesquelles elle était si respectée, voire adulée, dans son royaume et bien au-delà ?
Une popularité au sommet depuis les années 2000
Pour les Britanniques, « Lilibeth » était un ciment, la figure rassurante qui incarnait l’unité du royaume malgré les crises, de la décolonisation à l’épidémie de Covid-19 en passant par la guerre des Malouines et les années Thatcher. Dans son allocution télévisée de Noël 2018, en plein psychodrame national sur la mise en œuvre du Brexit, la « granny » préférée des Anglais avait appelé les deux camps à se respecter mutuellement. Pendant les dix jours de deuil et de cérémonies qui vont commencer, 67 millions de Britanniques vont rendre un dernier hommage à cette reine qui semblait à elle seule dépositaire de l’âme de la nation.
Selon le plan établi de longue date par Downing Street, Buckingham Palace et la reine elle-même, au nom de code « London Bridge » (le célèbre pont de la capitale), le corps de la souveraine sera exposé quatre jours durant à Westminster Hall, à quelques mètres de l’abbaye de Westminster où auront lieu ses funérailles le 9e jour. Le Palais attend plus d’un demi-million de personnes désireuses de lui rendre un dernier hommage.
Dans quelques heures, le fils aîné d’Elizabeth et du duc d’Edimbourg, le prince Charles, sera enfin proclamé roi, après une très longue attente. Mèches grisonnantes encadrant ce visage déjà familier, cet homme à la personnalité aussi conservatrice qu’excentrique entamera un « tour des quatre nations », du pays de Galles à l’Écosse et aux grandes villes du royaume, avec comme préoccupation de rencontrer le peuple. Y trouvera-t-il les mêmes sentiments, une affection teintée de respect, que savait inspirer sa mère ? Rares sont ceux qui, l’ayant croisée un jour, ne disaient pas à leurs amis : « J’ai cru voir passer une part d’éternité. »
Avec le parisien