Un fou ne peut pas devenir chef. Par contre, un chef peut devenir fou, dit un adage populaire de chez nous. C’est probablement ce qui se passe actuellement à Bamako, avec des dirigeants devenus complétement débiles. Pour les plus hauts responsables du Mali, la planète entière, la Russie et la Guinée exceptées, est contre leur pays. La France aide les « djihadistes » en leur fournissant renseignements et logistique. Le secrétaire général des Nations Unies n’est pas un chef d’Etat. Ou encore le président nigérien est un étranger qui dirige le pays voisin au leur.
Que la France soit indirectement responsable de l’instabilité régionale à cause de son intervention en Libye, c’est un fait. Indéniable. Que le Mali ait oublié l’intervention française sous François Hollande qui a empêché les groupes armés de marcher sur Bamako, c’est encore un autre fait. Mais que la France aide les bandits armés qu’on appelle à tort des djihadistes pour un autre objectif inavouable, c’est quand même aller trop gros. A moins que les autorités maliennes ne veillent en fournir les preuves destinées ä aider les autres Etats africains ä lui emboiter le pas en tournant le dos à la France pour tomber entre les mains de la Russie. Encore quelle Russie, celle des mercenaires ?
Que le secrétaire général des Nations ne soit pas un chef d’Etat, c’est aussi un fait. Mais s’il y avait un chef pour coiffer tous les chefs d’Etat, ce serait bien le patron des Nations. Assimi Goïta est le chef du Mali. Mais Antonio Guterres est le chef de près de 200 États du monde. Comparer un secrétaire général des Nations à un président de la République, même élu, relève d’un raisonnement inconnu jusque-là. Et fait d’étaler son ostracisme à la tribune des Nations Unies en qualifiant un président élu par ses concitoyens d’étranger dans son pays. Sans doute que les nouvelles autorités maliennes n’ont pas tenu compte que l’un des credo des sociétés modernes est la lutte contre la discrimination et l’ostracisme. Même si Mohamed Bazoum était originaire d’un pays tiers, à partir du moment où le Niger lui a donné le fauteuil suprême, il a les mêmes droits que celui dont les ancêtres des ancêtres sont nés dans ce pays. A plus forte raison, c’est uniquement en se fondant sur la couleur de la peau que le fameux premier Ministre, qui a dû recevoir la bénédiction de son président, s’est livré à ces frasques.
Ce discours, que certains n’ont pas manqué de qualifier de véritable calamité pour le Mali, a discrédité voire disqualifié un gouvernement de plus en plus isolé. Dès lors, il faut aider ces soldats. Et à défaut, s’en éloigner. Malheureusement, la Guinée, dont le chef de l’Etat était le seul présent à Bamako à l’occasion de la fête d’indépendance du Mali, a une frontière commune avec ce pays.
C’est autant dire qu’outre le mariage de raison entre Goïta et Doumbouya, tout ce qui touche le Mali pourrait toucher la Guinée. A commencer par l’insécurité. Si, jusqu’aujourd’hui, les jihadistes en provenance du Mali n’ont pas traversé massivement la frontière guinéenne, c’est parce qu’il y avait la France et les Nations Unies. Avec le discours va-t’en guerre venu de Bamako, à l’encontre de la France et des Nations Unies ainsi que l’implication des mercenaires russes dans le bourbier malien, on peut bien craindre le pire.
D’autant plus que la Russie, elle-même, est empêtrée dans un conflit qui l’oblige à faire appel à tous les citoyens. Un appel qui a du mal à passer. Mais cela est une autre histoire. Le moins que l’on puisse dire est que le Mali est en danger. Et avec lui, tous ses voisins.
Habib Yembering Diallo