Après avoir rejeté les exceptions des avocats de la défense, le président du tribunal a appelé Moussa Tiegboro Camara à la barre. Ses avocats ont demandé au tribunal de fournir les pièces de l’accusation notamment des cassettes et autres preuves avant l’interrogation de leurs clients. Le président du tribunal a indiqué que des gens étaient en train de travailler sur des cassettes. Au moment venu, elles seront mises à la disposition de toutes les parties.

Accusé entre autres de meurtre et de non-assistance en personne en danger, il a été demandé à Moussa Tiegboro Camara de donner sa version des faits. L’accusé a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. Il dit, « je voudrais remercier Dieu tout-puissant de m’avoir gardé en vie, je remercie ma mère, mon épouse qui m’a accompagné pendant ces 13 ans de pensées et d’accusations. Le 28 septembre 2009 à 8h j’ai pris mon garde-corps et mon chauffeur comme je logeais à Dixinn, j’ai vu des attroupements à Bambeto et Hamdallaye. J’ai trouvé un attroupement sur l’esplanade du 28 septembre, je suis allé les sensibiliser puisque c’était un jour férié, le jour où la Guinée a dit non à la colonisation. Je suis descendu de mon véhicule, j’ai été accueilli par des applaudissements. Je leur ai dit de laisser Dadis à côté, les leaders à côté et de voir la République en face ».

À la barre, le Colonel au moment des faits rapporte qu’il y en a qui ont compris son message, d’autres non. « Je me suis dirigé vers les leaders politiques. J’ai trouvé le doyen Jean Marie Doré. J’ai dit qu’à Hamdallaye, Bambeto et Coza des citoyens sont en train de tout casser. Le président Sidya a répondu que nous sommes dans un État qu’on peut casser aujourd’hui et réparer demain. J’ai répondu qu’on n’allait pas s’en sortir. J’ai discuté avec les leaders, ils m’ont dit qu’ils allaient parler avec les militants et rentrer. El hadj Cellou Dalein avait demandé la libération des militants qui avaient été arrêtés. J’ai dit que je ne savais pas si des gens avaient été arrêtés, mais il y avait un pick-up de la police où il se trouvaient des militants pour des questions de paix, j’ai ordonné qu’ils soient immédiatement libérés. Je suis rentré à la maison après, je suis ressorti, j’avais rendez-vous à la CMIS, arrivé à l’esplanade du palais, on m’a dit que des bérets rouges étaient dans le stade, que c’étaient des éléments de Toumba ».

Tiegboro rapporte qu’en ce moment il ne se parlais pas avec le commandant Toumba Diakité. Donc, on lui a dit de ne pas rentrer dans le stade. Mais en tant que soldat, « je suis rentré, je me suis dirigé vers El Hadj Cellou, je suis allé le prendre pendant que nous sortions du stade, j’ai aperçu le frère Jean Marie Doré, se faire tabasser, je suis allé le faire libérer, un militaire a braqué l’arme contre moi, au moment d’aider les leaders de sortir du stade, j’ai reçu des coups. Cela c’est mon devoir de soldat ».

Dans sa narration, Tiegboro explique qu’une fois sortie du stade, il a déposé les leaders politiques à la clinique Ambroise Paré. « Poursuivi par des militaires, j’ai les ai embarqués dans mon véhicule, j’ai filé directement à la clinique Pasteur, j’ai donné l’ordre de ne laisser entrer personne. J’ai mis un cordon sécuritaire. Je suis allé au camp pour rendre compte de ce qui s’est passé. Le président Dadis a dit qu’il prenait en charge les frais médicaux. Quand je suis passé devant les juges d’instruction, j’ai fait ma déposition ».

Il finit par expliquer qu’à l’époque, qu’il a demandé à être confronté s’il a commis un acte quelconque envers quelqu’un. Toutefois, il se dit « meurtri de voir dans l’ordonnance de renvoi par l’entremise de mon avocat, qu’un certain Mamadou Oury Sow et Oumou Hawa ont dit que mes hommes ont tiré sur deux militants. Ce qui m’a encore sidéré que moi-même, j’avais tiré sur un militant ». Tiegboro explique qu’il s’agit d’une manière de ternir son image après tout ce qu’il a fait pour ce pays. C’est là qu’il demande au président du tribunal de le confronter à ceux qui l’accusent, pour que ces derniers apportent les preuves de ce qu’ils avancent.

Ibn Adama